Entretien avec Certe Mathurin : « je veux être un bon père »
Dans cet entretien tiré du podcast Les Adultes de Demain, Certe Mathurin, humoriste stand-upper, se livre avec une sincérité rare. À l’occasion de sa tournée Affaires de famille, il revient sur une enfance marquée par les conflits, la pauvreté, et la violence, mais aussi sur la figure lumineuse de sa mère, son rejet de certains modèles culturels, et sa volonté de devenir un père différent.
Avec humour, gravité et beaucoup de lucidité, il nous parle de transmission, d’éducation, d’amour et de loyauté. De l’enfant qu’il a été au père qu’il devient, Certe Mathurin nous offre un témoignage fort sur la famille, l’humour et le rôle des adultes de demain.
Certe Mathurin, pourquoi consacrer un spectacle entier à la famille ?
« J'aime bien prendre une thématique et la creuser un petit peu.
Le premier spectacle, c'était sur l'amour. J'avaiseu une rupture amoureuse assez douloureuse. Je me suis posé des questions sur l'amour. Pourquoi l’amour s'arrête ? Pourquoi on divorce ? C'est quoi la fidélité dans l'amour ? J'aime bien creuser quand c'est proche de moi.
J'ai écrit un spectacle sur l'argent pendant le confinement... parce que j'avais plus d'argent. Le lien à l'argent, pourquoi on veut tous de la thune ? Est-ce que ça rend vraiment heureux ? C'est toujours très lié à ma vie.
Ensuite, j'ai écrit sur l'écologie, suite à une demande.
Et enfin, le quatrième spectacle porte sur la famille. On ne va pas se mentir, je suis papa depuis six mois maintenant. Quand ma copine m'a annoncé qu'elle allait être enceinte, tout de suite, je me suis demandée, c’est quoi une famille ? J’en ai une depuis que je suis tout petit. Maintenant, j'en fonde une nouvelle. C'est quoi, en fait, faire famille ? Est-ce qu'il y a une bonne, une mauvaise famille ? Donc, j'ai commencé à creuser.
Donc, j'aime vraiment prendre un sujet qui est lié à ma vie - c'est le principe du stand-up, et de le décortiquer.
Et ça me permet à chaque spectacle, de m'enrichir en tant que personne. Quand j'ai su que j'allais être papa, j'ai eu envie d'être un bon père. J'ai lu plein de trucs sur la famille pour essayer d'être le meilleur père possible. Et je me suis dit, je vais en faire un spectacle parce que c'est presque une manière pour moi d'apprendre, en fait, mon rôle. »
Tu décris ta famille comme « éclatée au sol » : que veux-tu dire par là ?
« Je pense que la plupart des familles sont éclatées parce que ce sont des êtres humains qui sont dedans. Il y a des trucs bien dans ma famille. Vraiment, il y a des trucs bien et c'est ce que je donne dans le spectacle. Mes sœurs, il y a des trucs vraiment qui ont construit la personne que je suis. Dans le positif.
Mais il y a également des trucs éclatés. J'ai plein d'oncles et de tantes à qui mes parents ne parlent pas du tout. J'ai des cousins à qui ils ne parlent plus du tout. Donc, j'ai vu des familles qui ne vont pas. Et j'ai toujours essayé de comprendre, mais je ne comprends pas. Quand j'étais enfant, j'avais des cousins, c'étaient mes amis et tout. Ils ont disparu au fur et à mesure de ma vie.
Mes parents, je les entendais souvent dire : oui, ne parle pas à lui. Parce que, eux, ils sont brouillés avec leurs frères et sœurs, alors moi, je ne peux plus parler avec mes cousins et cousines. Je ne peux pas parler aux grands-parents. Il faut se méfier des gens de la famille. Donc, j'ai grandi un peu dans ça tout le temps.
Et avec mes petites sœurs, quand on était à un âge de comprendre, on s'est promis que ça ne devait pas nous arriver. J'ai construit sur les trucs positifs avec mes sœurs, mais sur des situations négatives finalement.
Je pense que c'est important de comprendre comment sa famille, elle va et elle ne va pas, pour pouvoir, quand tu fondes une famille, essayer d'enlever, entre guillemets, ce qui ne va pas pour regarder ce qui fonctionne. Donc, je suis très pragmatique.
La famille, c'est beaucoup d'émotions, mais je pense que mettre un peu de raison dedans, ça permet de la comprendre un petit peu mieux. »
Comment l'absence de cadre éducatif a-t-elle marqué ton enfance ?
« Je pense qu'on ne nous forme pas à être une famille. [...] La famille, ça ne s'est jamais vraiment remis à jour. [...] Les pères, les mères, ils apprennent des nouveaux rôles en faisant et les enfants, c'est pareil. [...] Je ne dis pas que la famille doit devenir une école ou une entreprise et que ce soit hyper cadrée, mais [...] comme il n'y a pas de cadre, il n'y a pas de référence.
La nature, elle a peur du vide. Donc quand il y a du vide dans la famille (l’absence de cadre NDLR), souvent c'est du chaos qui est engendré...
Je ne dis pas que la famille doit devenir une école ou une entreprise et que ce soit hyper cadrée, mais en fait en plus, comme il n'y a pas de cadre, il n'y a pas de référence. Donc c'est-à-dire que quand tu parles en famille, il n'y a pas de débat constructif.
Quand tu t'embrouilles avec tes parents, ce sont forcément eux qui vont gagner. Même s'ils ont tort, ils vont quand même gagner parce qu'ils sont plus vieux que toi, ils sont sur Terre depuis plus longtemps. Le grand frère ou la grande sœur, c'est souvent qu'ils gagnent parce qu'ils sont là depuis plus longtemps. [...] Il y a cette place qu'on te donne à la naissance qui est difficilement modifiable.Tu es le plus petit, donc tu as tort. [...] Et c'est ça qui crée beaucoup de tensions dans les familles.
Et le fait que tu ne puisses pas dire aux parents qu'ils ont tort, ça ne permet pas d'avancer. »
Ta mère apparaît comme une figure héroïque dans le récit que tu en fais pendant ton spectacle. Quelle place a-t-elle eue dans ta construction ?
« C'est souvent dans le chaos que tu vois les héros. C'est en temps de guerre que tu vois qu'il y a un héros. Ma mère, si la situation avait été autre, peut-être que je n'aurais pas forcément dit ça d'elle. Mais quand tu la compares à mon père, elle est héroïque.
Elle est bienveillante. Elle est aimable. Elle travaille beaucoup. Ma mère, ce n'est pas quelqu'un que j'ai vu beaucoup dans ma vie. Mais ces moments, ces peu de moments, ils sont beaux, ils sont réels, ils sont sincères. Ce sont peu de phrases, mais des phrases qui impactent.
Ma mère, j'en parle un peu dans le spectacle, c’est la gentillesse. Ce qui veut dire qu'en fait, quand tu considères que tu es bon, ma mère, c'est quelqu'un de bon, je pense. Il y a des êtres humains qui sont bons et des êtres humains que la vie a rendus mauvais. Je ne pense pas qu’ils naissent mauvais. La vie les a rendus mauvais.
Et ce n'est pas facile de rester gentil. Et aujourd'hui, je me rends compte de l'effort que ça a demandé à ma mère pour rester gentille, pour rester aimable, pour rester tolérante.
Ma mère, elle a arrêté l'école à 12 ans. Elle m'a appris l'intelligence, mais dans le sens étymologique du terme. La capacité à s'adapter. Souvent, on pense que l'intelligence, ce sont les diplômes. J'ai fait des longues études, j'ai un double master. Ma mère est plus intelligente que la plupart d’entre nous sur terre.
[...] Et ça a fait qu'aujourd'hui, je ne respecte pas les gens qui ont forcément un diplôme. Ce n'est pas parce que tu es diplômé que tu es malin. Ce n'est pas parce que tu as de la culture que tu es malin. Tu as de la culture parce que tu as de la chance d'avoir un milieu culturel, une famille cultivée. Mais la capacité à s'adapter dans ce monde-là, être gentil, être souriant, ça, c'est intemporel.
Aujourd'hui, j'ai du recul, mais j'ai longtemps vu mon père comme un boulet. Je me dis, mais c'est un enfer, en fait. Ma mère, elle serait beaucoup mieux sans lui. On serait tous mieux sans lui. Pendant toute mon enfance, ce fut comme ça. C'était très conflictuel. Je me souviens que j'ai fait une école de commerce à Pau, parce que j'ai pris la carte de France et j'ai pris l'école de commerce la plus loin de mon père, physiquement, pour dire à quel point c'était compliqué.
En fait, ma mère m'a montré, et aujourd'hui, je le sais en tant qu'adulte, que dans ce monde de fous, tu peux quand même être gentil et avoir une belle vie. Et c'est ce que j'essaie de transmettre à beaucoup de gens, et que mes sœurs, on essaie de transmettre à beaucoup de gens. Ça paraît basique, un peu utopique, mais en fait, je pense vraiment qu'elle m'a appris qu'avoir un bon cœur, c'est fatigant. Mais c'est mieux.
Elle m'a appris la puissance de penser toujours à long terme, la patience. Elle avait ces phrases : ça va arriver, ça va aller ou encore fils, la vie, elle e’est pas compliquée, c'est nous qui nous compliquons la vie. Elle me disait tout le temps ça quand j'étais petit.
Et puis, aujourd'hui, je comprends mon père. Mon père, il a grandi dans une famille. C'était l'aîné garçon. [...] Il était assez jeune quand sa mère est morte. Il avait 16 ou 17 ans. Il avait une fratrie de 16 ou 17 frères et sœurs à gérer. Par ailleurs, il est noir, très foncé, mon père. Et c'est un sujet qu'on n'aborde pas très souvent, mais il y a du racisme de couleur chez les noirs également. Plus t'es foncé, plus t'es mal vu. C'est des résidus de l'esclavage, ça. Mon père, il est noir, très foncé. Il se faisait frapper par ses profs. Parce qu'il est noir, très foncé. Donc ça l'a rendu dur. Son père, il était dans l'armée. Ça l'a rendu dur.
Et si moi, je me faisais défoncer à cause de mes petites sœurs. Lui, il avait 16, 17 frères et sœurs. Il se faisait allumer tout le temps. Donc soit tu deviens dur, soit t'es gentil. Il n'a pas réussi. »
Tu as toi-même vécu de la violence dans l’enfance. Comment en as-tu fait une force de transmission ?
« C'était très, très dur pendant mon enfance. Franchement, ça fait avoir des pensées noires. Mon père, je ne devrais même pas dire ce que je pensais de lui et ce que je voulais pour lui. C'était noir. Je me faisais taper pour rien (les violences éducatives ordinaires, physiques et psychologiques sont interdites par la loi depuis 2019, NDLR). Ça a même rendu difficile ma relation avec mes sœurs.
Quand tu es né dans certaines cultures, tu es censé être responsable de tes frères et des sœurs. Donc, quand tes sœurs font des bêtises, c'est toi qui te fais taper pour elles. Ça fait que tu arrives à un point où tu ne les aimes plus. Pourquoi ta sœur, elle ne comprend pas à l'école ? Pourquoi ta sœur, elle a fait ça ? Ce n'est pas moi. Moi, je fais ce que je peux. Donc, ça crée de la haine envers celui qui te tape et envers les conséquences des actes de tes frères et sœurs.
Franchement, ça a été hyper dur pendant très, très très longtemps. Même la violence envers ma mère. Donc, c'est un truc que je ne reproduirai jamais. Je ne reproduirai jamais parce que je sais ce que c'est. Je sais comment c'est. Ce que ça crée comme trouble mental.
Parfois, on me demande, « Mais comment ça se fait que tu n'es pas devenu un connard fini ? » J'aurais pu. Mais en fait, des fois, tu construis.
Il y a deux manières de réagir quand tu as des parents ou une famille difficile. Parce qu'avec mes oncles, c'était pareil. Dans nos familles, tu peux te faire taper par un oncle. Il a le droit. Il a le droit de te défoncer… Ça fait beaucoup de gens qui te frappent. C'est dur. Et donc, comme je le disais :
soit tu deviens comme eux ;
soit tu t'opposes complètement.
Et moi, je me suis dit « Je ne veux pas être ces personnes-là. Je ne veux pas être eux. » Et en fait, très tôt, je me suis analysé. Tu vois, le SWOT dans mon spectacle « Force, faiblesse, opportunité, menace ». J'ai fait ça assez jeune. Et je pense que c'est ce qui m'a protégé.
Je n'ai pas le permis. Ça paraît bête, mais du coup, j'ai beaucoup marché. Beaucoup marché, marché, marché. Je me posais des questions en marchant. Ce n'est pas pour rien que je pense que je suis devenu artiste et que j'ai toujours ce truc-là de me poser des questions et d'essayer d'y répondre.
Ce n'est pas dans ma culture d'aller chez le psy : ma culture (Certe Mathurin est Haïtien, Antillais), c'est de me parler à moi-même, de prendre une feuille et un stylo et de transmettre. C’est pour ça, je pense qu'il y a une culture très artistique dans les milieux défavorisés avec les rappeurs, les slameurs... C'est une manière pour nous d'extérioriser un peu ces trucs familiaux. La mère est tout le temps citée. »
Tu évoques l’humour comme une manière de résister. Est-ce ainsi qu’est née ta vocation d’humoriste ?
« Je pense que j'ai toujours été marrant. J'ai toujours aimé faire rire les gens. Je me suis rapidement rendu compte que ça m'a beaucoup aidé.
J'étais celui qui était ami avec les gens. [...] L'humour, c'est universel.
Je dis souvent, l'humour et l'amour sont très proches. Pourquoi il y a beaucoup de gars de banlieue qui ont de la répartie, ou des meufs de banlieue qui ont de la répartie ? C'est une manière de se protéger. Quand tu fais rire quelqu'un, la personne, elle va te faire moins de mal. C'est vraiment une manière de se protéger. J'ai développé ce truc-là un peu, en comprenant les gens.
Pour mon dernier travail salarié, j'était employé aux Galeries Lafayette. Quand j'ai quitté mon travail pour me consacrer à 100% au stand-up, j'ai demandé à mon manager, avec qui je suis ami aujourd'hui, pourquoi il m'avait choisi. Car clairement, je n'étais pas bon. Il m'a répondu : « je vais être hyper honnête avec toi, il me fallait quelqu'un qui soude l'équipe. »
L'équipe, elle n'allait pas bien. Il y avait des anciennes qui étaient là depuis 40 ans quasiment, qui n'arrivaient pas à s'entendre avec les plus jeunes. Il me fallait quelqu'un qui soude l'équipe. Et il m'a pris pour ça ! Il savait que je n'allais pas être fou, mais j'ai compris pourquoi il m'a pris. Et aujourd'hui, je parle encore à ces personnes-là. Je les ai encore vues récemment. C'est utile, socialement, ces liens. Moi, je fais de la scène aujourd'hui pour ça.
J'aime voir dans les salles de spectacle des gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Que tu sois riche, pauvre, jeune, vieux, un garçon, une fille, musulman. Tout le monde aime rire. C'est universel. Et j'ai un truc universel, je vais le continuer ».
Aujourd’hui père à ton tour, quelle vision de l’éducation portes-tu ?
« T'es responsable d'un futur être humain, d'un futur adulte. Ça m'a mis une pression de fou. [...] Mon seul but, c'est de lui transmettre de l'amour pour renforcer sa confiance en lui. »
« L'une des seules manières de bien élever un enfant, c'est de faire en sorte qu'il croie en lui. [...] Il faut mettre de l’empathie, de l’altruisme. [...] Je vais faire mon maximum pour faire en sorte qu'il ait confiance en lui. »
Devenir père, ça m'a mis une pression de fou, parce que t'es responsable d'un être humain. T'es responsable d'un être humain quand il est enfant, même si tu ne l'es pas totalement, parce que je pense que il n'y a pas que les parents et la famille qui forment un être humain. Il y a la société également. Mais t'es également responsable d'un futur être humain, d'un futur adulte.
Ça m'a mis une pression de fou. J'en ai fait un spectacle. Aujourd'hui, je me rends compte, que ce que ma mère m'a transmis, c'est le plus important. Ma mère sait à peine de l'écrire. Elle ne connaît pas les théâtres, elle ne connaît pas tout ça. Mais elle a fait son taf.
Pourquoi ? Parce que j'ai ressenti depuis que je suis né, de l'amour. Elle a augmenté notre confiance en nous.
T'as vu le spectacle ? Mon seul but, c'est de transmettre à mon enfant de l'amour pour renforcer sa confiance en lui.
Quand quelqu'un d'autre sera dur avec lui, le tapera, sera peut-être raciste, sa confiance en lui, il ne faut pas qu'elle soit galvaudée. Parce que les gens qui n'ont pas confiance en eux, ça crée de la jalousie. Ça crée de l'envie. Ça crée de l'anxiété. Et ce monde, il est dur. L'une des seules manières de bien élever un enfant, c'est de faire en sorte qu'il croie en lui. Parce que comme ça, le monde sera moins dur pour lui.
Et ensuite, il faut mettre de l'empathie, de l'altruisme, des choses comme ça. Ça m'a mis la pression et je me suis dit… Comme ma mère a fait, il faut visualiser. Et je visualise.Je vais faire mon maximum pour faire en sorte qu'il ait confiance en lui.
Et qu'il se rende compte qu'un homme égale un homme. Qu'une femme égale une femme. Et qu'il n'est pas au-dessus. Il n'est pas en-dessous. Et qu'on est égaux. Et s'il a ça à l'esprit, il fera le moins de mal possible. Et c'est vraiment mon objectif. C'est ce qu'on essaie de faire avec ma copine.
Aujourd'hui, j'essaie de rester quelqu'un de bien. C'est pas facile, là, je suis papa. Parfois, t'as envie de crier, t'as envie d'être énervé. Mais la meilleure manière d'aimer quelqu'un, c'est d'essayer de rester positif envers cette personne-là. Et ma mère, elle est toujours restée positive. Et je sais qu'elle aurait pu craquer.
Mais elle a fait preuve d'amour et d'abnégation : elle est croyante, donc elle disait toujours, ça me reviendra d'être gentil.
Il faut faire des enfants forts, pour pas avoir réparé des adultes cassés. Et c'est pas facile, quoi.
Je pense, je le dis un peu dans le spectacle, le seul but que j'ai pour ma famille, c'est d'essayer de faire en sorte que mon enfant, mes enfants, peut-être ne soient pas nuisibles aux autres êtres humains. »
Qu'est-ce qui t'inquiète le plus aujourd'hui dans notre société française sur la question de l'enfance et que souhaiterais-tu aux enfants d’aujourd’hui, futurs adultes de demain ?
« Je trouve que déjà, dans les familles, dans les sociétés, l'enfant est sous-estimé. Ça, c'est un truc que je ne comprends pas. Moi, dans ma famille, j'ai toujours été très curieux et c'était un défaut d'être intelligent. Arrête d'être intelligent. Je ne pose pas trop de questions. Il y a toujours eu ça dans l'enfance. Et ce n'est pas bien parce que ça abime la confiance en soi.
Donc la société, elle doit remettre l'enfance à sa juste place (cf. par exemple l'épisode avec Marion Cuerq sur l'éducation en Suède à ce sujet)… L'enfant, il apprend, il voit le monde différemment. Il n'est pas plus bête, il n'est pas construit. Sur certains points, il voit juste le monde différemment.
Un grand et un petit adultes vivent dans le même monde, mais rien que le fait qu'ils ne soient pas à la même taille, ils ne voient pas le même monde. Et je pense, moi, je pense qu'il faut vraiment que ce soit dans les familles. La société, arrêtez de sous-estimer l'enfant. C'est vraiment un truc à ne pas faire, je pense. J'ai compris le monde assez jeune, assez tôt. Et le fait qu'on ne nous pose pas de questions, qu'on ne nous demande pas notre avis en tant qu'enfant, ça a fait que je n'ai pas trop aimé les adultes. Je ne leur faisais pas confiance.
Donc, si les adultes veulent que la jeunesse leur fasse confiance, ils doivent arrêter de les sous-estimer. Il ne faut pas sous-estimer les gosses.
Et puis il y a l'anxiété des jeunes, elle augmente de fou. Moi, je bosse avec des jeunes, ils sont anxieux. C'est dur, quand même, d'avoir 10 ans, 8 ans, 9 ans, 11 ans, d'être anxieux. Notre société ne fait pas confiance aux enfants, et en plus, elle les a rendus anxieux, parce que c'est nous qui les rendons anxieux. Donc, il faut vraiment qu'on fasse attention.
Normalement, on est censé avoir évolué dans la société, mais j'ai l'impression que c'est plus difficile d'être un enfant aujourd'hui qu'il y a 50 ans. C'est bizarre, quand même. Il y a un vrai enjeu de santé mentale chez les jeunes. Certes, on frappe moins, je pense quand même qu'on frappe moins. On est moins durs, mais je ne sais pas si on les rend meilleurs. J'ai un peu de doute, par exemple, sur l'éducation positive.
Je sais bien, les deux mots sont bien. Éduquer positivement, c'est très bien. C'est rarement un problème de mots, c'est une manière de faire les choses. Ce qu'on exige comme l'éducation positive, c'est de mettre des enfants dans un cadre bienveillant. Mais ce cadre bienveillant, il est souvent communautaire et il écarte les autres. Donc, on est en train de créer des enfants qui ne sont plus les uns avec les autres.
Notre monde, qu'on le veuille ou non, il est mondialisé. Ils vont grandir avec des gens de toutes origines. Ils vont grandir dans ce monde-là, dans le même monde. Le Terre, on ne peut pas la compartimenter. Ils sont dans le même monde. Et donc, ils ne grandissent plus ensemble, ils grandissent à côté d'eux. Donc, tout le monde grandit à côté d'eux.
Pour moi, une éducation positive, il faut qu'elle intègre de l'ouverture d'esprit, de l'empathie, de la compréhension de l'autre. [...] Et si vous aimez les gens, faites-les rire. [...] C’est ce qui rend heureux. »
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