Idées suicidaires chez l’adolescent : comprendre, repérer, agir avec le docteur Vincent Trebossen #247

Même s'il est de plus en plus question de la santé mentale des jeunes dans notre société, les idées suicidaires chez l’adolescent demeurent un sujet tabou, souvent entouré de peur et d’incompréhension. Pourtant, un nombre croissant de jeunes, et parfois même d’enfants, sont concernés. Derrière ces pensées se cachent un profond mal-être, des troubles anxieux ou dépressifs, ou encore des situations de harcèlement, de violence et de solitude.
Dans cet entretien, le docteur Vincent Trebossen, pédopsychiatre à l’hôpital Robert-Debré, l'un des grands spécialistes des tentatives de suicide et du suicide de l'enfant, alerte sur ce mal-être des jeunes. Mais il rappelle aussi un message essentiel : une crise suicidaire n’est pas une fatalité. Avec une écoute attentive, des soins adaptés et un accompagnement bienveillant des familles et de l’école, la grande majorité des adolescentes et adolescents peuvent guérir.

En cas d’urgence

Si un enfant ou un adolescent évoque des idées suicidaires, parle de se faire du mal ou présente un comportement inquiétant :

  • Ne restez pas seul face à la situation. Parlez-lui avec calme, sans minimiser ni dramatiser ses propos.

  • Appelez immédiatement le 3114, le numéro national de prévention du suicide.

    • Service gratuit, confidentiel, 24h/24 et 7j/7, joignable depuis toute la France.

    • Des psychologues spécialement formés peuvent écouter, évaluer l’urgence et orienter vers les structures adaptées.

  • En cas de danger imminent, appelez le 15 (Samu), le 112 (numéro d’urgence européen) ou rendez-vous aux urgences psychiatriques les plus proches.


Pourquoi parler des idées suicidaires chez l’adolescent et l’enfant ?

Le sujet des idées suicidaires chez les adolescents reste souvent tenu à distance, par peur ou par impuissance. Pourtant, depuis plusieurs années, les chiffres ne cessent d’alerter les professionnels de santé.

Selon le bilan annuel de Santé publique France consacré aux conduites suicidaires, la tendance observée depuis la pandémie se confirme et touche particulièrement les jeunes filles :

une poursuite de la hausse des taux d’hospitalisation pour tentative de suicide chez les jeunes filles et jeunes femmes de 11 à 24 ans, avec 674 hospitalisations pour 100 000 chez les 11-17 ans et 424 pour 100 000 chez les 18-24 ans — des taux largement supérieurs à ceux observés dans les autres classes d’âge. (Source : Santé publique France, 2024)

Les constats sont tout aussi préoccupants sur le plan du bien-être psychologique.
D’après l’enquête EnCLASS 2022, près de deux élèves sur dix au collège et au lycée présentent un risque important de dépression, et 24 % des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois.

Des chiffres que constate chaque jour le docteur Vincent Trebossen, pédopsychiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris :

« Depuis septembre 2020, nous observons une nette augmentation de la demande de soins en urgence pour les enfants, principalement pour les adolescents, et avec pour motif principal des idées suicidaires ou des tentatives de suicide. »

Ce constat n’est pas propre à la France :

« On l’observe dans tous les pays avec un niveau socio-économique proche de celui de la France : aux États-Unis, en Amérique du Nord et dans d’autres pays européens. »

L’épidémie de Covid-19 a agi comme un révélateur d’un mal-être déjà présent.

« La crise n’a pas créé ces troubles, mais elle a mis en lumière des difficultés qui existaient déjà », souligne le médecin.

Isolement, incertitudes, tensions familiales, violences intrafamiliales, perte de repères scolaires… autant de facteurs de stress qui ont fragilisé une génération entière.

Mais le plus inquiétant, insiste-t-il, est que le niveau d’alerte ne redescend pas :

« Depuis septembre 2020, nous n’avons pas l’impression de revenir à un niveau antérieur de demande de soins. »

Les services d’urgence continuent de recevoir de très nombreux jeunes en détresse, sans distinction de milieu social, parfois âgés de moins de dix ans.

Longtemps, on a cru que les enfants étaient protégés de la dépression ou du désespoir. Le Dr Trebossen corrige cette idée reçue :

« Pendant longtemps, on a pensé que les enfants n’avaient pas de santé mentale… Ce n’est évidemment pas le cas. Ils peuvent présenter des symptômes dépressifs, anxieux, voire des idées suicidaires. »

Selon l’étude Enabee menée par Santé publique France, près de 13 % des 6-11 ans présenteraient un trouble probable de santé mentale. Un chiffre qui souligne l’importance de repérer les signes précoces de souffrance psychique, même avant l’adolescence.

Enfin, le psychiatre pointe un second facteur aggravant : le manque d’offre de soins.

« La situation est alarmante, non seulement parce que la demande explose, mais aussi parce que nous avons du mal à orienter et à proposer les soins nécessaires, faute de moyens et d’interlocuteurs suffisants. »

Ces constats posent une question cruciale : comment notre société peut-elle mieux écouter et protéger ses enfants ?
Car, derrière chaque chiffre, il y a une vie qui peut être sauvée à condition de repérer les signaux faibles et d’agir à temps.

Idées suicidaires chez l'adolescent ou crise normale d'adolescence

Comment distinguer les idées suicidaires de la « crise d’adolescence » ©Kindelmedia

Idées suicidaires vs « crise d’ado » : faire la différence

À l’adolescence, les changements émotionnels sont intenses. Les colères, les replis ou les provocations peuvent parfois désarçonner les parents, au point qu’il devient difficile de savoir quand s’inquiéter. Pourtant, comme le rappelle le docteur Vincent Trebossen, il existe une distinction essentielle entre une crise d’adolescence et une crise suicidaire.

« Faire une tentative de suicide, ce n’est pas anodin, évidemment. Et dans la très grande majorité des cas, il y a au moins des symptômes d’une pathologie psychiatrique associés à cette crise suicidaire. C’est rarement une crise d’adolescence. »

Le pédopsychiatre s’appuie sur trois repères cliniques précis pour différencier un passage difficile d’un trouble nécessitant une prise en charge.

1. L’intensité du mal-être

À la différence du mal-être de l’adolescent, que l’on peut attribuer à la crise d’adolescence, le mal-être lié à des idées suicidaires est plus qu’un simple découragement. Il n’est pas non plus lié qu’à une phase de rébellion. Il s’agit d’un état de souffrance profond et persistant. L’adolescent peut manifester :

  • un désespoir marqué ;

  • une perte d’intérêt pour tout ce qui le motivait auparavant ;

  • ou des propos récurrents sur la mort ou l’inutilité de sa vie.

« C’est un mal-être suffisamment intense pour altérer le quotidien », précise le Dr Trebossen.

2. La durée des symptômes

Les émotions de l’adolescence sont fluctuantes par nature, mais lorsqu’une tristesse, une irritabilité ou une anxiété s’installent dans le temps, cela devient un signal d’alerte.

« Selon les troubles, on a des critères de durée : deux semaines, parfois plus. Mais c’est surtout la persistance et la récurrence du mal-être qui doivent alerter. »

3. L’impact sur la vie quotidienne

Le troisième critère, peut-être le plus déterminant, est l’impact fonctionnel.
Un trouble psychiatrique ne se définit pas seulement par des émotions douloureuses, mais par leur retentissement sur la vie de l’enfant ou de l’adolescent :

« Le mal-être doit avoir un impact sur la vie familiale, amicale ou scolaire », explique le pédopsychiatre.

Difficultés à aller en cours, isolement social, ruptures relationnelles, chute des résultats scolaires ou comportements auto-agressifs peuvent alors témoigner d’une détresse plus profonde.

Ces trois repères – intensité, durée, impact fonctionnel – sont la boussole des soignants. Ils aident à distinguer les fluctuations normales du développement adolescent de situations où la souffrance dépasse les capacités d’adaptation habituelles.


Comme le rappelle le Dr Trebossen, reconnaître cette souffrance est la première étape pour agir :

« Il faut rechercher ces symptômes et pouvoir les prendre en charge. Dans la plupart des cas, ce n’est pas une pathologie chronique, et les enfants peuvent guérir. »

Idées suicidaires chez l’adolescent et tensions familiales

Idées suicidaires chez l’adolescent et tensions familiales ©Cottonbro

Facteurs fréquents et profils à risque

Le docteur Vincent Trebossen insiste : une crise suicidaire ne surgit jamais de nulle part.
Elle résulte d’un enchevêtrement de facteurs, dans lequel une vulnérabilité personnelle rencontre des événements de vie déstabilisants.

« Dans la plupart des patients que nous recevons, il existe une vulnérabilité initiale : des enfants plus anxieux, plus sensibles, ou qui ont du mal à gérer leurs émotions. Une vulnérabilité seule n’explique pas la crise, mais quand viennent s’y ajouter des facteurs de stress, le risque augmente. »

Des facteurs de stress souvent identifiés : harcèlement, violences, pression académique

Certains contextes sont particulièrement présents dans les parcours des jeunes reçus en urgence.
Le harcèlement scolaire, souvent prolongé par le cyberharcèlement, figure parmi les causes les plus fréquentes.

« Ce harcèlement continue en dehors de l’école, sur les réseaux sociaux, sur les groupes WhatsApp, et c’est quelque chose que l’on retrouve très fréquemment », précise le médecin.

Les violences, qu’elles soient verbales, physiques, psychologiques ou sexuelles — intrafamiliales ou non —, constituent également un facteur majeur.
Une étude menée à l’hôpital Robert-Debré sur les dossiers d’admission a montré que :

« Les violences, quelles qu’elles soient, sont apparues comme l’un des principaux facteurs associés à la crise suicidaire. »

Écoutez notre épisode sur les VEO, violences éducatives ordinaires.

À cela s’ajoute la pression scolaire, souvent intériorisée très tôt.
De nombreux adolescents, perfectionnistes ou anxieux, vivent leur scolarité sous une pression de réussite constante, dans la peur de décevoir ou d’échouer.

« Beaucoup d’enfants font des tentatives de suicide dans des situations d’anxiété qui débordent, notamment autour des performances académiques », explique le pédopsychiatre.

Les examens, les notes ou les comparaisons permanentes deviennent des sources d’angoisse parfois insurmontables.

« Ce sont souvent des enfants exigeants envers eux-mêmes, qui développent des symptômes anxieux dans des contextes d’évaluation », explique le pédopsychiatre.

Cette anxiété de performance peut conduire à un épuisement émotionnel, voire à une phobie scolaire ou refus anxieux scolaire, lorsque la peur de l’école devient insupportable.

Peu à peu, l’estime de soi s’effondre, nourrissant un sentiment d’échec et, chez certains, des idées suicidaires.

Des profils plus vulnérables

Certains enfants neuroatypiques par exemple, présentent aussi des fragilités neurodéveloppementales qui accroissent le risque d’idées suicidaires.
Le Dr Trebossen rappelle que les troubles du spectre de l’autisme (TSA) et les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) exposent davantage à ces crises :

« Ces deux troubles sont associés à un sur-risque d’idées suicidaires et de tentatives de suicide. »

Les causes diffèrent selon le profil :

  • Les enfants autistes peuvent subir davantage de rejet ou de harcèlement, et éprouver des difficultés d’adaptation dans les situations sociales.

  • Les enfants présentant un TDA/H sont parfois impulsifs et ont du mal à réguler leurs émotions, ce qui peut conduire à des gestes suicidaires lors d’un moment de désespoir ou de colère.

Des attentes sociales inégales entre filles et garçons

Le psychiatre observe également une surreprésentation des filles parmi les adolescentes hospitalisées après une tentative de suicide.

« L’augmentation des tentatives est quasiment uniquement portée par les adolescentes. »

Selon lui, cela s’explique en partie par la charge mentale que portent les jeunes filles dès le plus jeune âge :

« On attend d’elles qu’elles soient sages, calmes, bonnes élèves, qu’elles aident à la maison… Elles subissent davantage de violences, et les attentes sociales sont plus fortes. »

Réseaux sociaux : usages à cadrer sans diaboliser

Le docteur Trebossen rappelle que les réseaux sociaux ne sont ni totalement nocifs, ni inoffensifs.
Tout dépend de l’usage, du contenu,et du profil de l’adolescent.

« Certains réseaux, comme TikTok, exposent les jeunes à des contenus violents ou anxiogènes. Mais pour d’autres, les réseaux peuvent rompre l’isolement et créer du lien. »

Une étude d’Amnesty International sur l’algorithme de TikTok (octobre 2025) a par ailleurs montré que plus de la moitié des jeunes filles en France disent s’être déjà senties en danger ou dévalorisées sur les réseaux sociaux, ce qui souligne l’importance d’un encadrement attentif.

Les recommandations du Docteur Trebossen sont au nombre de quatre :

  • fixer ensemble des plages sans écran ;

  • paramétrer les comptes et recommandations pour limiter les contenus sensibles ;

  • encourager les interactions réelles avec les pairs ;

  • et rester attentif à ce que l’adolescent regarde et commente.

« Certains réseaux sociaux, notamment TikTok, ont un algorithme tellement puissant que dès qu'on regarde un type de contenu, par exemple autour d'idées suicidaires,ou de scarifications, ensuite on n'a plus que des contenus de ce type-là. Et donc si on est déjà soi-même en train de ruminer autour de pensées négatives envers soi-même, envers le monde, envers les autres, et qu'on n'a en plus en face de nous que des contenus négatifs envers plein de choses, forcément, ça active un peu cette boucle-là.

Le dialogue reste donc la meilleure prévention : comprendre avant d’interdire.
Les réseaux sociaux peuvent être un outil de lien ou un facteur de risque, selon la manière dont les adultes accompagnent leur usage.

Ces multiples éléments — vulnérabilités individuelles, facteurs de stress extérieurs, et influences numériques — ne suffisent pas à eux seuls à expliquer chaque situation, mais ils dessinent un paysage multifactoriel du mal-être adolescent.
D’où la nécessité, selon le Dr Trebossen, de mieux repérer les fragilités en amont et de proposer un accompagnement personnalisé, avant qu’une crise ne survienne.

Idées suicidaires chez l'adolescent :

Les adolescents et les réseaux : comment agir en tant que parent ? ©Karola

Agir vite, accompagner durablement : les soins qui sauvent

Face à un adolescent qui exprime des idées suicidaires, la première réaction compte autant que la suite de la prise en charge. Le docteur Vincent Trebossen insiste : il ne faut ni paniquer, ni minimiser.
L’essentiel est d’écouter, de garder le contact et d’ouvrir la voie vers les soins.

« L’hospitalisation est plutôt l’exception que la règle. Dans la grande majorité des cas, on va orienter vers des soins dits ambulatoires, hors les murs de l’hôpital. »

Autrement dit, la plupart des jeunes peuvent être accompagnés sans être hospitalisés, à condition que l’entourage sache comment réagir et que le lien avec le système de soins soit maintenu dans le temps.

Le suivi ambulatoire : reconstruire pas à pas

Une fois la crise aiguë passée, le plus souvent après un passage aux urgences, la prise en charge se poursuit en ambulatoire.

Chaque passage aux urgences doit être suivi d’un point d’ancrage rapide.

« L'objectif dans l'urgence, c'est de réévaluer rapidement, de revoir les enfants très rapidement après leur passage aux urgences. Ça, c'est un premier objectif, et on sait que c'est quelque chose qui fonctionne, c'est-à-dire de donner un point d'ancrage dans un futur très proche pour réévaluer la situation avec l'enfant et ses parents. »

Pour le médecin comme pour les familles, il s’agit :

  • d’offrir un cadre sécurisant à l’adolescent ;

  • et de lui redonner espoir en sa propre capacité à aller mieux.

Ce travail commence dès les premiers échanges : par la parole, par la confiance, par la certitude que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais le premier acte de guérison.

Généralement, l’adolescent reste dans son environnement familial et scolaire, tout en bénéficiant d’un accompagnement régulier : entretiens psychologiques, psychothérapie, consultations psychiatriques ou groupes thérapeutiques.

« Il y a parfois une attente un peu magique, mais qui est tout à fait entendable et compréhensible de la part des adolescents ou de leur famille, qu'un changement d'environnement va absolument être le facteur clé dans le changement de la situation.

Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. On essaie de beaucoup plus mettre l'accent sur aider l'adolescent à gérer ses difficultés via des outils de psychothérapie, via le suivi, etc. Aider les parents à repérer et accompagner et développer chez eux aussi des outils de psychothérapie, plutôt que dans une stratégie de changement d'environnement. »

Le suivi permet de maintenir la continuité du lien et de travailler sur la gestion des émotions, la compréhension des pensées suicidaires et la reconstruction de la confiance.

À l’objectif de la mise en place rapide d’un suivi ambulatoire s’ajoute celui de la délivrance d’outils pour le jeune et sa famille.

Demander de l’aide : un premier pas décisif

Le premier réflexe à adopter, selon le Dr Trebossen, est d’aider le jeune à demander de l’aide.

« Les adolescents ont souvent des difficultés à demander de l’aide : ils ne veulent pas culpabiliser leurs parents, ont peur de leur réaction, ou n’arrivent pas à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. »

Pour briser ce silence, les équipes de pédopsychiatrie proposent parfois des codes de communication simples entre l’enfant et ses parents :
un système de couleurs, d’émoticônes ou de mots-clés pour signaler le niveau de mal-être, sans forcément avoir à tout expliquer.
Ce moyen discret permet de prévenir les crises et de maintenir un lien dans les moments difficiles.


Le plan de sécurité : reprendre le contrôle avant la crise

L’un des dispositifs les plus efficaces reste le plan de sécurité, un protocole simple mis au point dans le cadre des soins psychiatriques et adapté aux enfants comme aux adolescents.

« C’est un outil de psychothérapie qui existe depuis de nombreuses années et qui permet de formaliser les stratégies à mettre en place : quoi faire pour se sentir mieux, à qui demander de l’aide, comment le faire, etc. »

Le plan de sécurité aide les jeunes à agir avant que la crise ne devienne trop forte.
Voici ses six étapes principales, retrouvez une version un peu plus complète sur infosuicide.org :

  1. Reconnaître les signaux d’alerte : pensées sombres, anxiété, irritabilité, repli, perte d’intérêt.

  2. Identifier les situations à risque : isolement, stress scolaire, conflits, fatigue.

  3. Lister les activités apaisantes : écouter de la musique, écrire, sortir prendre l'air et marcher, dessiner, appeler un proche.

  4. Contacter les personnes-ressources : parents, amis, enseignant, médecin, infirmière scolaire, thérapeute.

  5. Avoir les numéros d’urgence sous la main : 3114, 15, 112.

  6. Écarter les moyens dangereux : médicaments, objets tranchants, produits toxiques.

Le plan de sécurité n’est pas un « contrat », mais un outil de prévention. Il aide le jeune à reprendre du contrôle, à organiser la demande d’aide avant que la crise n’explose et les parents à agir ensemble, sans panique.


Se former pour aider : les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM)

Parce qu’il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir face à une personne en détresse psychique, il existe aujourd’hui une formation citoyenne accessible à tous : les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM).
Inspirée du modèle des premiers secours physiques, elle apprend à repérer les signes de souffrance, écouter sans juger, rassurer, et orienter vers les aides adaptées.
Tous les citoyens peuvent s’y former afin de mieux accompagner les jeunes (et moins jeunes !) en difficulté.

Les consultations post-urgence et les structures de jour

Pour éviter les ruptures de suivi, l’hôpital Robert-Debré propose des consultations post-urgence rapides, souvent dans la semaine qui suit une tentative.

« Nous revoyons très vite les enfants après leur passage aux urgences, parfois dans la semaine. Cela permet de reprendre contact, de faire le point, et de redonner une perspective. »

Certains jeunes bénéficient aussi de programmes de psychoéducation : ateliers où ils apprennent à repérer les signes de rechute, à exprimer leurs émotions et à utiliser des stratégies d’adaptation.

« C’est un travail de longue haleine, mais qui fonctionne bien. L’enfant apprend à mieux comprendre ce qu’il traverse et à en parler plus tôt. »

Dans les situations plus lourdes, des structures de jour offrent un cadre thérapeutique intensif tout en maintenant un lien avec la maison et la scolarité.

« Ces structures permettent de proposer plusieurs soins dans la journée — psychothérapie, activités, entretiens familiaux — tout en gardant un lien avec la vie quotidienne. »

L’hospitalisation : une exception protectrice

L’hospitalisation complète n’est envisagée qu’en dernier recours : tentative à haut risque, isolement extrême, absence de soutien familial ou troubles psychiatriques sévères.

« C’est une solution ponctuelle, qui vise d’abord à protéger, pas à enfermer. L’idée est de sécuriser la personne dans un moment où elle ne peut plus se protéger seule. »

Après ce temps de stabilisation, le suivi ambulatoire reprend le relais pour consolider les progrès et accompagner le retour à la vie quotidienne.

Retrouver la confiance et l’espoir

« Dans la majorité des cas, la crise suicidaire n’est pas chronique. Avec une prise en charge adaptée, les symptômes disparaissent, et les enfants vont mieux. »

Les trajectoires de rétablissement sont nombreuses et méconnues.
Elles rappellent qu’une crise suicidaire n’est pas une condamnation, mais souvent le début d’un chemin vers la compréhension de soi et la résilience — à condition de ne jamais rester seul, ni enfant ni parent.

Idées suicidaires chez l'adolescent : les soins qui fonctionnent

Les idées suicidaires chez l’adolescent ne sont pas une fatalité. Il existe des soins qui fonctionnent. ©Vika Glitter

Parents et école : agir en équipe

Lorsqu’un adolescent exprime des idées suicidaires, les parents sont souvent saisis par la peur — et, presque toujours, par la culpabilité. Cette émotion, légitime, mais stérilisante, peut freiner la recherche d’aide.
Le docteur Vincent Trebossen invite à la comprendre, sans la laisser envahir toute la relation.

« Il faut déculpabiliser les parents. Ce n’est pas une faute éducative, ni un manque d’amour, quand un enfant va mal. »

Restaurer la communication et la confiance avec son adolescent

Beaucoup de parents décrivent une rupture du dialogue avec leur enfant avant la crise : silence, repli, colère ou réponses agressives qui découragent la discussion.
Pourtant, même quand le lien semble rompu, la présence et l’écoute des parents restent un repère essentiel pour l’adolescent.

« Ce qui compte, c’est que les parents soient là, qu’ils restent présents, même quand c’est compliqué. »

L’enfant a besoin de sentir qu’il n’est pas seul, que ses parents restent là, même quand c’est difficile.

Le Dr Trebossen recommande de recréer des moments de contact simples, sans chercher à forcer la parole : partager un repas, proposer une sortie, poser une question ouverte (« Comment tu te sens aujourd’hui ? »).
L’enjeu n’est pas de « trouver les bons mots », mais de montrer une disponibilité constante et non jugeante.

Certains parents, très éprouvés, ont, eux aussi, besoin d’un espace pour être soutenus : consultation familiale, groupes de parole ou accompagnement psychologique.

« C’est un travail qui se fait en parallèle : on soigne l’enfant, mais aussi le lien familial. »

L’école, un maillon indispensable

L’école est souvent le premier lieu où la souffrance se manifeste. Chute des notes, absentéisme, conflits avec les pairs, isolement en classe : autant de signes que les enseignants, les CPE ou l’infirmière scolaire peuvent repérer.

« L’école a un rôle fondamental. Elle peut être le premier témoin, mais aussi un facteur de protection, à condition qu’il y ait un adulte repère. »

Cet adulte repère, qu’il s’agisse d’un professeur, d’un éducateur ou d’un personnel de vie scolaire, permet de maintenir un lien de confiance lorsque le jeune ne parle plus à ses parents.
Il peut aussi servir d’intermédiaire entre la famille et les professionnels de santé.

Dans certains cas, le maintien en classe est bénéfique, à condition d’être aménagé :

  • réduction de la charge de travail ;

  • adaptation des horaires ;

  • temps de pause réguliers ;

  • ou programme de reprise progressive.

« Quand la scolarité est adaptée, elle peut vraiment aider l’enfant à se reconstruire, parce que ça redonne une routine, des interactions, un sentiment d’utilité. »

Agir ensemble, sans cloisonner

La coordination entre les parents, l’école et les soignants est déterminante.

« Il faut que tout le monde parle le même langage, que chacun sache ce qu’il peut faire. Ce n’est pas l’affaire d’un seul, mais d’une équipe. »

C’est cette alliance — entre la maison, l’école et les professionnels — qui permet au jeune de retrouver un cadre sécurisant et d’envisager une guérison durable.

« Dans la très grande majorité des cas, les enfants vont mieux. Ce n’est pas une fatalité, c’est une étape de vie compliquée, mais qu’on peut surmonter. »

Perspectives et espoir face aux idées suicidaires chez l’adolescent

Face à l’augmentation des idées suicidaires chez les adolescents, il est facile de céder à l’inquiétude. Pourtant, le docteur Vincent Trebossen tient à rappeler un message essentiel : la très grande majorité des jeunes vont mieux.

« Dans la majorité des cas, la crise suicidaire n’est pas chronique. Avec une prise en charge adaptée, les symptômes disparaissent, et les enfants guérissent. »

La guérison demande du temps, de la patience et un réseau d’adultes bienveillants. Mais elle est possible — et fréquente.
Le psychiatre y voit même un signe d’espoir : celui d’une société qui parle enfin de santé mentale des enfants, qui ose nommer la souffrance et qui apprend, peu à peu, à y répondre.

Écouter et entendre les enfants

« Je souhaite aux enfants d’aujourd’hui d’être écoutés — et entendus. Parce qu’ils ont des revendications, des idées, des solutions, que nous n’entendons pas toujours. »

Cette écoute, insiste-t-il, ne se limite pas aux moments de crise. Elle doit faire partie de notre quotidien : à la maison, à l’école, dans les institutions.
Car prévenir, c’est avant tout créer des espaces de parole, où les enfants peuvent dire ce qu’ils ressentent avant que la douleur ne devienne insupportable.

Une responsabilité collective

La santé mentale des jeunes ne relève pas seulement du champ médical. C’est un enjeu de société, qui implique les familles, les enseignants, les collectivités, les médias et les pouvoirs publics.
Renforcer les équipes de pédopsychiatrie, soutenir les structures de jour, évaluer les dispositifs existants, financer la recherche : tout cela fait partie d’une même mission, celle de protéger la jeunesse.

Et si cette génération, si souvent décrite comme vulnérable, était aussi celle qui nous oblige à mieux écouter, à mieux prendre soin ?

C’est en tout cas la conviction du docteur Trebossen, et le vœu partagé par Les Adultes de Demain :
que chaque enfant en souffrance puisse être entendu à temps, accompagné avec dignité, et croire de nouveau en la vie.

Idées suicidaires chez l'adolescent : indispensable soutien parental

Communiquer avec son ado ©Kindelmedia

FAQ  - idées suicidaires chez l'adolescent

Quels sont les signes d’idées suicidaires chez un ado ?

Des changements d’humeur marqués, un repli sur soi, une perte d’intérêt pour les activités habituelles, des propos désespérés ou une fatigue extrême doivent alerter.
Des comportements comme les scarifications, les troubles alimentaires ou le refus scolaire anxieux peuvent aussi être des signaux indirects.

Quelle différence entre idées suicidaires et tentative de suicide ?

Les idées suicidaires correspondent à des pensées ou envies de mourir, plus ou moins fréquentes.
La tentative de suicide, elle, suppose un passage à l’acte.
Les deux nécessitent une écoute et un accompagnement immédiat : il ne faut jamais attendre qu’un geste soit posé pour consulter.

Que faire si mon enfant parle de se faire du mal ?

Restez calme, écoutez sans juger, et demandez de l’aide immédiatement.
Appelez le 3114 ou le 15, et parlez-en à un professionnel (médecin traitant, pédopsychiatre, infirmière scolaire).
Évitez les phrases comme « tu ne devrais pas penser ça » : elles ferment le dialogue.

Les réseaux sociaux augmentent-ils le risque de suicide chez les jeunes ?

Les usages excessifs, l’exposition à des contenus violents ou la comparaison constante peuvent accentuer le mal-être des jeunes.
Mais certains jeunes trouvent aussi du soutien ou de la compréhension en ligne.
L’essentiel est de surveiller les contenus consultés, d’en discuter avec l’adolescent et d’encourager des pratiques équilibrées.

L’hospitalisation est-elle indispensable en cas de crise ?

Non. Dans la majorité des cas, le suivi ambulatoire (consultations, psychothérapie, accompagnement familial) suffit.
L’hospitalisation n’est envisagée qu’en cas de danger immédiat ou de rupture complète de lien avec l’entourage.

« L’hospitalisation est l’exception, pas la règle », rappelle le Dr Trebossen, pédopsychiatre à l’hôpital Robert Debré.

Un enfant autiste ou TDAH est-il plus à risque ?

Oui, ces profils présentent un sur-risque documenté d’idées suicidaires, lié notamment à la difficulté d’adaptation sociale, au harcèlement ou à la fatigue émotionnelle.
Ces jeunes nécessitent une surveillance bienveillante, une communication adaptée, et une coordination étroite entre famille, école et professionnels de santé.

Nos réseaux sociaux :

Notre site web : https://www.lesadultesdedemain.com/

Instagram : https://www.instagram.com/lesadultesdedemain/

Facebook : https://www.facebook.com/lesadultesdedemainpodcast

Nous écouter

Apple podcast : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/les-adultes-de-demain/id1498741069

Spotify : https://open.spotify.com/show/2ZWIN9YMWh2FySlssutoK1

Deezer : https://www.deezer.com/fr/show/859442#:~:text=Les%20Adultes%20de%20Demain%20est,si%20inspirant%20de%20sa%20m%C3%A8re.

Pour nous soutenir, n’hésitez pas à nous laisser vos avis sur Apple Podcast ou Spotify et abonnez-vous à notre chaîne Youtube pour ne plus rater aucun épisode !

Suivant
Suivant

Replacer l’intelligence manuelle au cœur de l’éducation avec Gabrielle Légeret #246