Harcèlement scolaire : que faire ? avec Florence Millot #162

Le harcèlement scolaire est un fléau qui est mis sous les feux des projecteurs depuis quelque temps dans le monde de l'éducation. De nouvelles mesures ont été mises en place pour lutter contre cette violence à l'égard des enfants. Mais d’un point de vue psychologique, qu’est-ce qui explique ce phénomène pas si nouveau ? Et face au harcèlement scolaire : que faire ? Est-ce qu'il existe des profils d'enfants plus aptes à être victimes de harcèlement ? Comment détecter les premiers signes ? Comment réagir en tant que parents de harceleurs ? Florence Millot, psychologue, autrice de Le harcèlement scolaire : se prémunir, le détecter, le résoudre, nous apporte des réponses à ces questions dans cet article issu de l’épisode de podcast. Aujourd’hui, le harcèlement scolaire concerne 12 % des enfants en primaire, 10 % au collège et 4 % au lycée.

#1 - Identifier les signes du harcèlement scolaire

Les enfants harcelés sont souvent réticents à l’idée de parler de ce qu’ils subissent. C’est pourquoi il est important de pouvoir identifier les signes subtils du harcèlement. Sans avoir peur systématiquement du phénomène, voici quelques signaux qui montrent un enfant qui ne va pas bien et qui peuvent être repérés par les parents :

  • il refuse d’aller à l’école ;

  • il n’invite plus ses copains à la maison ;

  • il ne veut plus se regarder dans le miroir ;

  • il a tendance à être très irritable à table ;

  • il claque les portes, dit qu’on ne le comprend pas et répète ça régulièrement, etc.

Les parents doivent être à l’écoute des changements de comportement de leur enfant. Ils ne sont pas tous synonymes de harcèlement, mais indiquent que quelque chose ne va pas.

Mais parfois, il n’y a pas de signes... L’enfant, à l’inverse, se montre très fort. Il peut avoir pris des coups, mais dire « ne t'inquiète pas, je me suis bagarré, mais j’ai gagné ». Il s’impose comme vainqueur pour ne pas inquiéter.

Certains enfants sont très doués pour masquer quand ils n’ont pas envie que ça se voit, ni que ça se sache. Il est normal que certains parents passent à côté malgré toute leur bonne volonté, toute l’écoute qu’ils offrent. 

Les enseignants peuvent de leur côté observer l’attitude en classe, avec les camarades, voire dans la cour quand ils surveillent en primaire notamment. Ils peuvent alors indiquer aux parents que l’enfant traverse une situation difficile à l’école. Ces temps d’échanges sont importants. 

Ce sont aussi les observations partagées avec les autres professeurs, les surveillants qui peuvent aider à comprendre la dynamique qui se joue. Ces discussions peuvent contribuer à reconnaître les indicateurs du harcèlement.

Cette première étape est fondamentale pour intervenir et offrir le soutien nécessaire à l’enfant harcelé.

#2 - Initier la conversation avec la personne harcelée

Si le doute est là, mais que l’enfant ne s’exprime pas, c’est à l’adulte d’initier la conversation avec l’enfant. Mais ce sujet ne s’aborde pas en posant trop de questions directes.  Insister avec un flot de questions peut causer une pression supplémentaire sur l’enfant, qui se sent peut-être déjà vulnérable. 

L’adulte peut ainsi montrer qu’il a remarqué des changements dans le comportement de l’enfant et qu’il est là pour l’aider. Florence Millot donne un exemple pour initier la conversation. Elle invite l’adulte à nommer ce qu’il est en train de ressentir :

« tu sais, en ce moment, je suis un peu inquiet(e) parce que j’ai bien vu que tu réponds moins en classe. J'ai un de tes copains qui est venu voir pour me dire que tu n'allais pas très bien. Il était aussi inquiet pour toi. Moi, je t'ai observé un peu dans la cour. Je comprends que tu n'aies pas envie de parler. Tu n'es pas obligé de parler tout de suite. Mais en tout cas, je voulais juste te dire que j'ai vu qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et pour moi, ça, c'est important parce que je ne peux pas te laisser tout seul. Je peux te laisser du temps, mais je voulais te faire savoir que tu n'es pas seul dans cette situation. On va essayer de réfléchir ensemble. ».

Cette approche permet à l’enfant de sentir qu’il n’est pas seul dans sa situation. Agir ainsi, c’est lui montrer qu’il a le soutien nécessaire pour parler, se confier, quand il se sentira prêt. L’objectif est d’établir progressivement un lien de confiance avec l’enfant, tout en lui laissant le temps d’assimiler l’information et de revenir vers vous. 

#3 - Mobiliser les témoins du harcèlement scolaire

Florence Millot met en lumière le fait que le harcèlement est souvent enraciné dans une dynamique de groupe. Plusieurs élèves peuvent être impliqués, que ce soit en tant que harceleurs actifs, suiveurs passifs ou même témoins silencieux. 

Au-delà de faire parler, échanger le groupe, l’objectif est que les élèves puissent se regarder en face, les yeux dans les yeux pour voir l’émotion chez l’autre.  Une co-régulation du groupe se met en place. 

Au lieu de pointer du doigt ou de juger rapidement, il est préférable d’encourager les élèves à exprimer ce qu'ils voient et ressentent. En sensibilisant les autres qui ne sont pas touchés par la situation, les adultes essaient d'avoir une représentation un peu plus juste ce qui s’est passé et de ne pas aller trop vite non plus. 

Fréquemment, quand on veut aller vite pour protéger, on peut empirer la situation. Florence Millot met ainsi en garde contre la précipitation dans une situation de harcèlement avec une confrontation trop rapide par exemple. Cela peut aggraver le phénomène. Les élèves qui harcèlent peuvent retourner la situation contre la victime.

Une approche non accusatrice peut aider à briser la solidarité des harceleurs et à faire prendre conscience aux témoins de l'impact de leurs actions ou de leur silence. En créant un environnement basé sur le respect et l’empathie, où la parole se libère, les élèves seront plus enclins à intervenir et à soutenir leurs pairs victimes de harcèlement.

#4 - Gérer les cas de harcèlement scolaire sévère

Cette confrontation immédiate entre harceleurs et harcelé est notamment à éviter en cas de harcèlement scolaire sévère. Les conséquences peuvent être encore plus traumatisantes. La situation peut même s’aggraver, mettant en danger l’enfant harcelé. 

La priorité est de fournir un soutien immédiat à l’enfant harcelé. Ce dernier doit se sentir soutenu et en sécurité. Les adultes doivent prendre des mesures appropriées pour réguler la situation. Cela peut inclure la mise en place de mesures disciplinaires pour l'enfant harceleur, en coordination avec l’établissement, voire les autorités compétentes.

Du côté de l’enfant harceleur, il est intéressant de se pencher sur les raisons qui ont poussé l’enfant à agir de la sorte. Une évaluation approfondie de la situation est nécessaire pour comprendre les motivations et les circonstances entourant le harcèlement.

#5 - Sensibiliser à la violence et aux émotions

Pour lutter efficacement contre le harcèlement scolaire, une des actions à mener est de promouvoir des discussions en classe sur la violence, pour sensibiliser les élèves à l'impact des paroles et des actes blessants. Le débat peut être lancé par une petite phrase comme  « tiens, aujourd’hui, j'ai entendu cette insulte dans la cour. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que c’est violent ? Comment vous sentiriez-vous si vous receviez cette insulte ? ». 

Cela peut également être une introduction en lien avec les réseaux sociaux : « j’ai vu qu’en ce moment, il y a cette rumeur-là. Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que c’est faux ? »

Quand on interroge les élèves, collégiens, lycéens, on se rend compte qu’ils ne réalisent pas à quel point leur parole est réelle. Pour eux, sous prétexte qu’on insulte sur un réseau, ce que l’on écrit n’a pas de portée, comme si c’était imaginaire. Florence Millot explique qu’ils ne prennent pas « conscience que dans ce monde virtuel, il y a une forme de violence réelle pour celui qui la reçoit. »

Du coup, quand dès le début, on sensibilise à ces petites violences du quotidien, à cette banalisation de la violence, on a des résultats beaucoup plus significatifs. Tout le monde est en mesure de dire à un enfant « non, tu ne dis pas de gros mots, tu n'insultes pas ton camarade ».

Par ailleurs, notamment avec les jeunes élèves, un travail en groupe par rapport aux émotions, même de façon déguisée, favorise la rencontre des enfants dans la cour. Avec des classes chargées, il n’est pas facile de mener des actions pour soutenir l’enfant timide dans son intégration. Néanmoins, des choses toutes simples, des petites actions de 15 à 30 minutes par semaine, peuvent être mises en place comme :

  • des massages, en apprenant à se toucher le dos ;

  • un temps pour réapprendre à se dire bonjour ;

  • un moment dédié pour s’échanger des messages de gratitude, etc.

#6 - Agir en tant que parents des harceleurs

Florence Millot souligne que tant pour les parents de l’enfant harcelé que pour ceux de l’enfant harceleur, il est peut être difficile d’être dans l’écoute, tant l’annonce de la situation est violente. Ils peuvent être dans un tel état de sidération qu’ils ne peuvent pas écouter ce que l’enfant a à dire, ni les professeurs, le directeur ou la directrice. Florence Millot explique que c’est un système de protection, une forme de déni : « on ne veut pas s’en occuper, donc on n’en parle pas, on essaie de passer à autre chose. »

Concernant les parents des harceleurs, il faut accepter de ne pas être tous égaux émotionnellement par rapport à la situation :

  • on a le droit d’avoir honte ;

  • on a le droit de ne pas y croire ;

  • on a le droit de tomber de sa chaise. 

Il peut être très difficile d’intégrer l’information. Il faut accepter de se laisser le temps nécessaire. Florence Millot conseille également d’en parler, pas forcément à un psychologue, mais à un·e ami·e afin de prendre un peu de recul, de pouvoir accueillir ses émotions et celles de son enfant. Parler aide à réaliser ce qui s’est passé. 

En tant que parent d’enfant harceleur, le but va être d’amener l’enfant à prendre conscience de l’autre et des conséquences de ses actes. L’objectif sera de le faire évoluer et de l’amener à s’excuser. Pour cela, il faut notamment éviter de parler sous le coup de la colère. On peut sinon avoir des mots qui n’aideront pas l’enfant à changer.

Quand on a pu prendre un peu de recul, on peut poser progressivement des questions sur l’autre enfant, sur ce qui s’est passé, sur les émotions qui l’ont traversé. On l’aide à cheminer, à trouver une solution. On voit avec lui s’il est capable de s’excuser. S’il ne parvient pas à le faire en face, on lui propose de commencer par écrire un mot, une lettre, un dessin s’il est jeune. L’adulte essaie de remettre du cadre. 

Il faut également  comprendre que l’enfant a finalement occupé une position qui lui a plu. Il a tout un groupe qui le suivait. Il doit faire le deuil de ça et revenir à sa place, qui n’est pas celle de grand chef. Pour aborder ce point, on peut lui dire « j’ai observé que tu avais besoin d’être à cette place. On peut trouver une solution ensemble pour répondre à ce besoin. À travers le sport par exemple ou une activité artistique, etc. C’est une manière de t’affirmer, mais de manière positive. Toute cette énergie, tu peux la donner dans le sport, dans la musique, dans le théâtre, etc. Tu peux impacter les autres positivement à travers quelque chose que tu aimes. » 

#7 - Ne pas chercher un profil type de harceleur et harcelé

Florence Millot rappelle qu’il n'y a pas de profil type pour les enfants harcelés ou harceleurs.
Chaque situation de harcèlement est unique, et les acteurs impliqués peuvent provenir de milieux divers et avoir des personnalités différentes.

Parfois, c'est une situation qui fait qu’un enfant, jusqu’alors très timide, avec peu d’amis, change. Il arrive par exemple en sixième. C'est une nouvelle dynamique. Il a pris confiance et il a envie de jouer les caïds. Un glissement s’opère. Il est tellement fier d'être vraiment le plus fort qu'il peut en agresser un, alors que finalement, c'est toujours lui qui a été agressé jusqu’alors.

Il n'y a pas de jugement à avoir ni d'un côté ni de l'autre.

Par ailleurs, le harcèlement, nous l’avons vu, c’est une dynamique de groupe. Et l’enfant qui harcèle n’a pas forcément l’idée de harceler. Par exemple, une situation va faire qu’un enfant va rire d’un autre. Un camarade regarde et ça le fait rire également. Puis de même avec d’autres élèves. Ensemble, ils vont avoir un sentiment de puissance. Ils sont regardés, ils se sentent forts. Ils ont envie de continuer. « Progressivement, c'est un peu comme si la figure de l'autre était oubliée, explique Florence Millot, c'est-à-dire que les enfants ne vont pas faire exprès pour faire mal à l'autre ».

Dans le harcèlement, les sensations sont tournées vers soi, sur sa propre puissance, sur l'effet que ça fait d'être un gagnant, d'être le chef de groupe, d'avoir un pouvoir qu'il n'avait pas auparavant, poursuit-elle.

#8 - Envisager le changement d'école

Le changement d’école est une question à aborder avec l’enfant. Certains ne veulent pas, ils n’ont pas envie de laisser les autres gagner. Pour d’autres, il est nécessaire de partir, car cela représente trop de souffrance. Cela va parfois jusqu’au déménagement, notamment dans les villages. 

Mais parfois, dans la réalité, le changement est compliqué. Il est néanmoins essentiel d’expliquer à l’enfant victime que le changement d'école est une possibilité, tout en lui laissant la décision finale. Il comprend qu'il existe un filet de sécurité pour le soutenir, et que si la situation devient insupportable, des solutions seront envisagées.

Cela montre à l’enfant :

  • qu’on est à l’écoute ;

  • qu’on le soutient ;

  • qu’on est à ses côtés pour trouver une solution.

Cela le rassure. Florence Millot explique que cela aide l’enfant à rêver à d’autres possibilités s’il souffre. Au fil du temps, quand la situation est discutée entre tous les protagonistes, témoins inclus, et qu’elle finit par s’apaiser, rares sont les enfants qui ont besoin de changer d’école. 

#9 - Reprendre une vie normale après le harcèlement scolaire

Pour beaucoup d’enfants harcelés, Florence Millot a observé que :

  • lorsqu’ils ont vécu une grande difficulté ;

  • qu’ils ont perdu confiance en eux ;

  • qu’ils se sont pris « une épée dans le cœur » ;

ils ont besoin de passer rapidement à autre chose. 

Ils ont besoin de repartir sur de bonnes bases, de reprendre des forces en dehors de l’école.
Ne pas rester fixé sur la douleur ou les émotions, remettre un peu de vie dans la vie après un traumatisme peut les aider à aller mieux. On peut demander à son enfant ce qu’il aurait envie de faire ? Un nouveau sport, la création d’une chaîne YouTube, un voyage, une activité manuelle…

Vivre de nouveau une vie normale les aide.

#10 - Laisser le temps aux émotions d’évoluer

Souvent, les parents de l’enfant harcelé ont envie qu’il se libère de ses émotions, qu’il parle pour que ce soit fini et que la page puisse être tournée. Or, l’enfant n’a pas forcément envie d’en parler, de revenir sur le sujet. Beaucoup préfèrent reprendre une vie ordinaire après ce traumatisme. Ils reviennent plus tard sur leurs blessures. Cela peut se passer 15 jours après, tout comme dans 2 ou 3 mois. 

Généralement, ils mettent en place des mécanismes de défense pour ne pas sombrer. 

Florence Millot compare les émotions très fortes comme celles provoquées par un harcèlement, à un cloud, un nuage au-dessus de la tête. Progressivement, une situation va raviver une douleur, une perte de confiance. Il sera alors temps pour l’enfant d’exprimer ce qui, six mois avant, était trop douloureux à dire. Le cloud s’éclaircit un peu, mais une nouvelle situation peut le griser à nouveau, en réactivant ce qu’il a vécu.

« Les émotions ne s’expriment pas en appuyant sur un bouton. Quand l’émotion a été forte, elle a besoin de temps pour s'exprimer ». 

Offrir à l'enfant un environnement de soutien et d'acceptation lui permet de traiter ses émotions à son propre rythme. Chaque enfant est unique et réagira différemment au harcèlement. Certains pourront exprimer leur colère, leur tristesse ou leur frustration rapidement, tandis que d'autres mettront plus de temps à se confier.

Harcèlement scolaire : que faire ? Les 10 conseils clés

  1. Identifier les signes du harcèlement : soyez attentifs aux signaux subtils qui indiquent que votre enfant peut être victime de harcèlement.

  2. Initier doucement la conversation avec la personne harcelée : aborder délicatement le sujet pour établir un lien de confiance.

  3. Mobiliser les témoins : impliquez les camarades pour briser la dynamique de harcèlement;

  4. Gérer les cas de harcèlement sévère

  5. Sensibiliser à la violence et aux émotions : promouvez des discussions en classe pour faire prendre conscience aux élèves de l’impact des paroles blessantes.

  6. Agir en tant que parents des harceleurs : aider l’enfant harceleur à prendre conscience de ses actes, de l’autre et à s’excuser.

  7. Ne pas chercher un profil type de harceleur et harcelé : chaque situation est unique et il n’y a pas de jugement à porter.

  8. Envisager le changement d'école : discuter avec l’enfant de cette option tout en lui laissant le choix.

  9. Reprendre une vie normale après le harcèlement : encouragez l’enfant à se reconstruire en dehors de l’école.

  10. Laisser le temps aux émotions d'évoluer : comprenez que l’enfant peut mettre du temps à exprimer ses émotions.

Chacun de ces conseils vise à créer un environnement de confiance, à soutenir les enfants concernés et à agir efficacement contre le harcèlement scolaire.


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