Le cerveau de l’enfant avec Ghislaine Dehaene #238

Le cerveau de l’enfant fascine autant qu’il interroge. Comment se développe-t-il ? Quels sont ses besoins spécifiques ? Comment l’environnement – familial, éducatif, social – influence-t-il ses apprentissages et son bien-être ? Pour répondre à ces questions essentielles, Les Adultes de demain a reçu Ghislaine Dehaene, pédiatre, neuroscientifique et directrice du tout nouvel Institut du Cerveau de l’Enfant (IHU), rattaché à l’hôpital Robert-Debré.

Dans cet échange passionnant, elle partage les avancées scientifiques sur le développement du cerveau de l’enfant, les enjeux liés aux troubles du neurodéveloppement, mais aussi les leviers concrets pour mieux accompagner les familles, les enseignants et les professionnels de santé. Car mieux comprendre le cerveau de l’enfant, c’est aussi mieux préparer l’adulte de demain.

L’ambition de l’IHU est claire : croiser la recherche, la médecine, l’éducation et la société civile pour bâtir une politique publique centrée sur l’enfant, et diffuser des connaissances validées, accessibles et utiles à tous.

Le cerveau de l’enfant fascine autant qu’il interroge. Comment se développe-t-il ? Quels sont ses besoins spécifiques ? Comment l’environnement – familial, éducatif, social – influence-t-il ses apprentissages et son bien-être ? Pour répondre à ces questions essentielles, Les Adultes de demain a reçu Ghislaine Dehaene, pédiatre, neuroscientifique et directrice du tout nouvel Institut du Cerveau de l’Enfant (IHU), rattaché à l’hôpital Robert-Debré.

Dans cet échange passionnant, elle partage les avancées scientifiques sur le développement du cerveau de l’enfant, les enjeux liés aux troubles du neurodéveloppement, mais aussi les leviers concrets pour mieux accompagner les familles, les enseignants et les professionnels de santé. Car mieux comprendre le cerveau de l’enfant, c’est aussi mieux préparer l’adulte de demain.

L’ambition de l’IHU est claire : croiser la recherche, la médecine, l’éducation et la société civile pour bâtir une politique publique centrée sur l’enfant, et diffuser des connaissances validées, accessibles et utiles à tous.

Le cerveau de l’enfant, un organe en développement permanent

Le cerveau de l’enfant n’est pas une version miniature de celui de l’adulte. C’est un organe en pleine construction, extraordinairement plastique, façonné par les interactions, les expériences et l’environnement. Dès la naissance, et même avant, le cerveau se développe à un rythme fulgurant, établissant des milliards de connexions neuronales qui détermineront la manière dont l’enfant va percevoir, comprendre, parler, bouger et interagir avec le monde.

Les grandes étapes du développement cérébral

À la naissance, le cerveau humain contient presque tous les neurones dont il aura besoin à l’âge adulte, mais les connexions entre ces neurones sont encore peu nombreuses. C’est au fil des mois et des années que les réseaux neuronaux se tissent, grâce aux expériences vécues et aux stimulations reçues. 

Les premières années de vie sont donc marquées par une explosion de plasticité cérébrale, c’est-à-dire une capacité unique à apprendre, à s’ajuster et à intégrer des informations nouvelles. Cette plasticité est maximale dans les premières années, puis diminue progressivement, ce qui rend cette période cruciale pour le développement cognitif, sensoriel, moteur et affectif.

L’importance des interactions précoces

Ce développement n’est pas automatique. Il dépend fortement de la qualité des interactions précoces que l’enfant vit au quotidien. Le langage, par exemple, ne s’acquiert pas simplement en entendant des mots : il nécessite des échanges, des regards partagés, des réponses adaptées. Parler à un bébé, même avant qu’il ne parle lui-même, stimule les circuits neuronaux du langage et pose les bases de la communication future.

Ghislaine Dehaene explique : 

« on doit orienter son attention [celle du bébé, de l'enfant, comme un tuteur oriente le développement d'une plante] vers ce qui est pertinent dans l'environnement. C'est pour ça qu'on recommande aux parents de parler dès quatre mois [et même in utero], c'est-à-dire extrêmement tôt au bébé. Le bébé sait que la parole transmet de l'information.

Et ce qui est important, c'est le tour, le passage. C'est-à-dire, je parle, le bébé parle, il babille, je reprends ce qu'il est en train de dire, je fais des blablabla, il a fait le blablabla, on fait tous ces échanges et on est dans cette interaction et il se rend compte que la parole est quelque chose d'important. Je vais nommer ce qui se passe autour de lui et il va découvrir toutes ces raisons de s'intéresser à ce que je dis, à ce qui se passe autour de lui parce que c'est socialement pertinent. »

Les interactions affectives sécurisantes avec les adultes permettent au cerveau émotionnel de se structurer. L’attention conjointe, le jeu, les gestes tendres, les routines du quotidien... toutes ces expériences contribuent à orienter le développement cérébral de l’enfant et à renforcer ses capacités d’apprentissage.

Pourquoi les premières années sont déterminantes

Le cerveau de l’enfant est si malléable que les premières années constituent une période d’opportunités immenses, mais aussi de vulnérabilités majeures (nous l'avons vu dans l'épisode sur les violences faites aux bébés). Un environnement riche, stimulant et bienveillant favorisera un développement harmonieux. À l’inverse, un manque d’interactions, des carences affectives ou des stimulations inadaptées peuvent laisser des traces durables.

Comme le rappelle Ghislaine Dehaene :

« Je peux vous expliquer pourquoi c'est mauvais d'être sur votre téléphone parce que justement, vous n'avez pas ces échanges, qu'à la crèche, il ne suffit pas de mettre la couche comme il faut et de donner à manger comme il faut, il faut aussi parler à l'enfant.

Ce n'est pas juste mon opinion de Ghislaine Dehaene, c'est parce que je vois des effets sur le cerveau. Je vois comment ce cerveau va s'organiser, je vois que ça ne colle pas, je peux mesurer le vocabulaire à 3 ans qui va être déjà moins important que le vocabulaire d'un enfant qu'on a stimulé.

Vous allez me dire : « Ce n'est pas grave, à 3 ans, il a un peu moins de mots, et alors ? » Eh bien, à 15 ans, il y a des études qui montrent très bien que ce déficit, ce délai d'acquisition du langage que vous avez tout petit, il se poursuit. Vous n'allez pas le rattraper. En tous les cas, si on ne fait pas d'efforts particuliers pour vous le faire rattraper, vous allez rester avec ce décalage ». 

Comprendre le cerveau de l’enfant, c’est reconnaître que tout commence très tôt, bien avant l’entrée à l’école.

Cerveau de l'enfant : de l'importance de parler à son bébé

De l’importance des interactions langagières avec son bébé très tôt ©Polina Tankilevitch

Apprendre à apprendre : ce que les neurosciences apportent à l’éducation

Les neurosciences cognitives ont considérablement enrichi notre compréhension des apprentissages. Grâce aux outils d’imagerie cérébrale, les chercheurs peuvent aujourd’hui observer le cerveau en action chez l’enfant, identifier les circuits activés pendant la lecture, le calcul, ou la résolution de problèmes, et mieux comprendre ce qui facilite – ou freine – les apprentissages.

L'imagerie cérébrale, les apprentissages et l'importance de l'erreur

Loin de nier la complexité des processus éducatifs, l’imagerie cérébrale permet de les éclairer. Elle montre par exemple que l’apprentissage est un processus actif, qui mobilise différentes zones du cerveau selon le type de tâche, et qui s’appuie sur l’attention, la mémoire de travail, le langage intérieur ou encore la capacité à faire des liens.

Elle révèle aussi que le cerveau apprend mieux lorsqu’il peut se tromper, corriger et recommencer. L’erreur n’est pas un échec, mais une étape nécessaire pour construire des représentations mentales solides. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage par essai-erreur, essentiel à la consolidation des savoirs.

L’attention, les erreurs, la plasticité : des clés pour l’école

Dans l’interview, Ghislaine Dehaene insiste sur le fait que les enfants ont besoin d’un guidage clair pour comprendre ce qu’on attend d’eux :

« Il faut expliquer aux enfants ce qu’ils doivent regarder, quelle est la pertinence de telle ou telle information. »

Cette remarque, fondée sur des expériences scientifiques comme celle du gorille (écoutez l'épisode pour en avoir les détails !), souligne combien l’attention est une ressource limitée et précieuse. Un enfant ne peut pas tout percevoir en même temps : il faut l’aider à se concentrer sur l’essentiel, à distinguer ce qui compte de ce qui est accessoire. C’est tout l’enjeu de la pédagogie explicite.

Les neurosciences confirment également l’importance de la plasticité cérébrale : le cerveau de l'enfant change en fonction de ce qu’il vit. L’environnement, les encouragements, les feedbacks positifs jouent un rôle majeur dans cette capacité d’adaptation. Cela redonne tout son poids à l’acte éducatif, non comme une simple transmission de savoirs, mais comme une co-construction du développement cognitif.

La nécessité d’un enseignement explicite et bienveillant

Ces découvertes scientifiques appellent à repenser les pratiques éducatives :

  • expliquer clairement ;

  • montrer les étapes ;

  • valoriser les efforts ;

  • accueillir l’erreur ;

  • encourager l’autonomie.

Elles ne remettent pas en cause l’intuition ou l’expérience des enseignants, mais les complètent. Comme le rappelle Ghislaine Dehaene, ce n’est pas seulement une question de « bienveillance » :

« Il y a une vraie professionnalisation des gestes, de savoir ce qu’il faut faire, il faut les apprendre. »

Dans d'autres pays francophones, pour ne citer qu'eux, comme la Belgique ou la province canadienne du Québec, la formation des enseignants est beaucoup plus importante. En France, les formations à l'apprentissage de la langue, comment un enfant apprend la langue, ne sont pas systématiques dans les INSPE.

« Comment un jeune enfant raisonne, il faut qu'un enseignant le sache, il ne raisonne pas comme nous. Il y a des choses qui nous semblent évidentes, parce qu'on a complètement oublié notre apprentissage, mais il y a plein d'expériences en sciences cognitives, qui sont assez rigolotes », souligne Ghislaine Dehaene.

Apprendre à apprendre, c’est aussi apprendre à enseigner autrement, en s’appuyant sur les connaissances actualisées du cerveau de l’enfant. C’est une invitation à bâtir une école :

  • plus consciente des mécanismes cognitifs ;

  • plus adaptée aux rythmes de chacun ;

  • plus confiante dans les potentialités de tous les enfants.

Quand le cerveau de l'enfant se développe autrement : troubles du neurodéveloppement

Tous les enfants n’apprennent pas de la même manière. Les neurosciences permettent aujourd’hui de mieux comprendre ces différences en explorant la diversité des trajectoires de développement cérébral. Certaines particularités — comme les troubles du spectre de l’autisme (TSA), les troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie…), le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) — traduisent une autre façon d’organiser les circuits neuronaux. Ces enfants ne sont pas en « retard », ni « moins capables », mais ils ont besoin d’un environnement ajusté à leur fonctionnement. 

N'hésitez pas à écouter nos épisodes sur comment aider un enfant dys ?, comment accompagner un enfant TDA/H et les enfants neuroatypiques : parcours scolaire et professionnel.

TDAH, dyslexies, TSA : mieux comprendre les différences

Ce que montrent les recherches, c’est que ces troubles ne sont pas liés à un manque de volonté ou à une déficience globale. Ce sont des modifications spécifiques du développement cérébral, qui peuvent affecter certaines fonctions (langage, attention, coordination…) tout en laissant d’autres compétences intactes, voire exceptionnelles.

Pourtant, comme le déplore Ghislaine Dehaene, le système éducatif et médical peine encore à reconnaître cette diversité :

« Très longtemps, à l’hôpital, on ne considérait pas les enfants dys, les enfants avec un autisme léger, les enfants avec les troubles de l’attention. »

Résultat : un grand nombre d’enfants passent inaperçus, se heurtent à l’incompréhension des adultes, accumulent l’échec et perdent confiance en eux.

Le rôle crucial du diagnostic précoce et de l’accompagnement

Un des messages forts de l’interview est l’importance d’un repérage précoce. Plus les difficultés sont identifiées tôt, plus on peut mettre en place des soutiens adaptés, avant que l’enfant ne se décourage. Mais encore faut-il écouter ce que les enfants — et leurs parents — ont à dire.

« Il faut les laisser parler, il faut qu’on se nourrisse les uns les autres et qu’on écoute sérieusement les familles. [...] Elles ont des idées. »

Ghislaine Dehaene insiste sur le sujet : 

« C'est important qu'on prenne en charge très vite les plaintes qui existent dans les TND et qu'on écoute. Je crois que les enfants ne doivent pas se considérer comme résumés à leurs difficultés et qu'on doit mettre en avant ce qu'ils savent faire et les aider sur ce qu'ils ne savent pas faire. Parce que ça participe à la détérioration de l'estime de soi puis ensuite au sentiment dépressif au moment de la puberté. Donc, il y a vraiment des effets boules de neige qui sont liés au fait qu'on n'a pas écouté au départ et aidé les enfants ».

Les familles sont souvent les premières à repérer un fonctionnement inhabituel, mais elles manquent d’interlocuteurs formés. L’IHU porté par Ghislaine Dehaene ambitionne de combler ce vide, en réunissant chercheurs, cliniciens, éducateurs et familles autour de l’enfant, pour mieux comprendre ses besoins et proposer des solutions coordonnées.

Valoriser les forces, pas seulement les déficits

Un des enjeux majeurs est de sortir d’une approche purement déficitaire. Les enfants neuroatypiques ont des difficultés spécifiques, mais aussi des ressources souvent sous-estimées :

  • une mémoire visuelle forte ;

  • une créativité inhabituelle ;

  • un raisonnement intuitif ;

  • une hypersensibilité au monde.

Les neurosciences nous invitent à repenser l’inclusion, non comme un effort de « normalisation », mais comme une manière d’accueillir la diversité des fonctionnements cognitifs. Ce changement de regard commence par l’école, mais concerne toute la société. Pour que chaque enfant ait la possibilité d’apprendre, de se sentir compétent, et de trouver sa place.

Cerveau de l'enfant : impliquer les parents d'enfant avec troubles du neurodéveloppement

Dans l’épisode, Ghislaine Dehaene revient sur l’impact négatif des écrans dans le développement du cerveau de l’enfant, mais elle explique que les ordinateurs, que l’on voit comme le grand mal, permettent des détections plus précoces et peuvent aider dans beaucoup de circonstances : « il suffit de savoir comment les utiliser » ©Julia Mc Cameron

Le rôle des parents, des enseignants et de la société

Comprendre le cerveau de l’enfant, ce n’est pas seulement une affaire de scientifiques. C’est une responsabilité collective. Parents, enseignants, professionnels de santé, décideurs publics, médias… Tous ont un rôle à jouer pour créer un environnement favorable au développement des enfants. Pour cela, encore faut-il former, informer et outiller les adultes qui les entourent.

Sortir de 3 idées reçues sur le cerveau de l’enfant

Mieux accompagner les enfants, c’est aussi apprendre à distinguer les connaissances validées par la recherche des neuromythes — ces fausses croyances sur le fonctionnement du cerveau, largement répandues dans le grand public, à l’école ou même chez certains professionnels. Ghislaine Dehaene rappelle dans l’interview plusieurs idées reçues qui continuent d’influencer les pratiques, parfois à tort.

  • Par exemple, on entend souvent que le bilinguisme serait une cause de retard de langage. Or, c’est inexact. Ghislaine Dehaene précise :

« Ce n’est pas une cause de retard de langage. Par contre, si on a un retard de langage, on va être plus gêné s’il y a deux langues. C’est un petit peu différent. »

Autrement dit, être bilingue ne freine pas le développement du langage. Simplement, lorsqu’un enfant apprend deux langues en parallèle, il peut connaître certains mots dans l’une, mais pas dans l’autre. Cela ne veut pas dire qu’il a un vocabulaire plus pauvre, mais que son répertoire lexical est réparti entre deux langues.

« Si on considère maintenant la taille de votre vocabulaire dans les deux langues et qu’on fait l’addition, en fait, vous avez le même niveau de vocabulaire qu’un enfant monolingue. »

  • Autre mythe tenace : l’idée que l’on n’utiliserait que 10 % de son cerveau. Là encore, c’est faux.

« On utilise toujours notre cerveau. Heureusement. […] Vous l'utilisez énormément. Par contre, la conscience que vous avez de tous ces calculs, c’est […] l’écume de toute cette activité. »

Autrement dit, nous utilisons constamment l’ensemble de notre cerveau, mais nous n’en avons conscience que d’une partie minime. L’activité neuronale est permanente, massive, distribuée, et c’est cette richesse qui permet la perception, l’attention, l’émotion, la compréhension du langage… tout à la fois.

  • Enfin, Ghislaine Dehaene revient sur une autre idée reçue : l’opposition cerveau droit / cerveau gauche, selon laquelle l’un serait « émotif »,« créatif » et l’autre « logique », « langagier ». Ce clivage est simpliste.

« C’est vrai que les fonctions cérébrales sont asymétriques […] mais vous faites tout ça en même temps et vous croisez toutes ces informations. »

Les fonctions sont certes latéralisées, mais elles coopèrent en permanence. Le langage implique les deux hémisphères : l’un traite le sens des mots, l’autre leur intonation, leur contexte émotionnel. Plutôt que de cloisonner les fonctions cérébrales, il faut comprendre la complexité de leur intégration.

Former, informer, outiller les adultes autour de l’enfant

Beaucoup de parents et d’enseignants expriment un même besoin : celui d’avoir des repères clairs, fondés sur la science, pour mieux accompagner les enfants au quotidien. Dans un monde saturé d’informations, il est souvent difficile de savoir à qui faire confiance.

C’est l’une des raisons d’être de l’Institut du Cerveau de l’Enfant :

« Les parents cherchent beaucoup sur Internet [...] des fois, les informations sont éclatées, des fois, un peu bizarres. [...] Il faut qu’il y ait des lieux où on sait que l'information a été validée », souligne Ghislaine Dehaene.

Le rôle de l’IHU est donc de diffuser une information rigoureuse, compréhensible, sans pour autant prétendre tout savoir. Il s’agit d’aider chacun :

  • à faire des choix éclairés ;

  • à mieux comprendre les signaux d’alerte ;

  • à poser les bonnes questions ;

  • et à se sentir légitime pour accompagner un enfant.

Lutter contre la solitude des familles et la désinformation

De nombreuses familles se sentent seules face aux difficultés de leur enfant. Elles peinent à obtenir un diagnostic, à trouver des professionnels formés à être écoutées par l’école. Pire : elles se heurtent parfois à la culpabilisation ou à la banalisation de leurs inquiétudes.

L’un des objectifs de l’IHU est de rétablir le dialogue entre les acteurs, en valorisant l’expertise des parents et en intégrant leur point de vue aux travaux de recherche :

« On a besoin du retour des familles. On a besoin qu’elles nous disent : “On a essayé ça, ça ne marche pas”. Il faut les écouter beaucoup plus. »

Combattre la désinformation, c’est aussi reconnaître les familles comme des partenaires à part entière de la compréhension du développement de l’enfant.

Par ailleurs, poursuit-elle : 

« On a maintenant ces outils qui doivent permettre, qui devraient nous permettre d'apporter une aide à tout le monde. »

Ghislaine Dehaene mentionne la philosophie des hôpitaux Sara à Brasilia qui impliquent énormément les parents dans la rééducation de leur enfant, au niveau du langage par exemple : 

« Pour eux, ce sont les parents qui sont les meilleurs thérapeutes de leurs enfants en cas de difficulté. Et donc, ils disent : "Voilà, vous voyez l'orthophoniste une fois par semaine, mais pour un trouble du langage, c'est tous les jours, tous les jours, tous les jours." Donc, vous formez les parents. Vous leur donnez les exercices à faire. Et en fait, c'est une prise en charge qui est tous les jours et qui, en fait, est basée sur la compétence des parents. »

Penser une société inclusive, accueillante pour tous les enfants

Au-delà des familles et des professionnels, c’est toute la société qui est appelée à évoluer. Une société inclusive ne se contente pas d’aménager à la marge : elle réfléchit dès le départ à la place qu’elle accorde aux enfants, à leur diversité, à leurs besoins spécifiques.

Cela passe par l’urbanisme (des trottoirs praticables en poussette, des lieux adaptés) en repensant la ville pour les enfants, la culture (des musées accueillants pour les plus jeunes), les transports, les politiques publiques et la place des enfants dans la ville, mais pas seulement. Ghislaine Dehaene insiste :

« L’enfant, on ne doit pas y penser quand on a fait tout le reste. L’enfant, on doit commencer par lui. »

Plutôt que d’exclure (avec les no-kid zones), il faut imaginer des lieux et des services pensés pour éveiller, sécuriser et stimuler les enfants.

Une société qui prend soin du cerveau des enfants est une société qui investit dans l’intelligence, la santé mentale, la paix sociale et le futur.

Mieux comprendre le cerveau de l’enfant, c’est plus qu’un enjeu éducatif ou médical : c’est un choix de société. C’est reconnaître que chaque enfant porte en lui des potentialités immenses, à condition d’être écouté, accompagné, respecté dans son rythme et dans ses besoins. C’est accepter que les différences de développement ne sont pas des anomalies à corriger, mais des singularités à accueillir.

Dans un contexte anxiogène, marqué par les incertitudes écologiques, sociales et géopolitiques, redonner aux enfants un futur passe par la connaissance, la confiance et la bienveillance. Cela implique de leur faire une place, concrètement, dans les politiques publiques, dans l’école, dans la ville, dans les familles. Une place réelle, pas symbolique.

C’est précisément la mission de l’Institut du Cerveau de l’Enfant : réunir la recherche scientifique, le terrain éducatif, le soin clinique et l’expérience des familles, pour diffuser des savoirs validés, utiles, accessibles. Pas pour imposer des modèles, mais pour éclairer les choix, et mieux outiller les adultes autour de l’enfant.

Commencer par l’enfant, c’est bâtir un avenir plus humain, plus juste, plus durable. C’est croire que notre capacité à prendre soin des cerveaux en développement détermine la qualité du monde que nous voulons construire.

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