Guérir de ses blessures d'enfance avec Jonathan Langlois

Dans cet épisode de la série De l’enfant aux parents, Stéphanie d’Esclaibes reçoit Jonathan Langlois, cofondateur et animateur du média Les Lueurs. Derrière le succès fulgurant de ce média d’un nouveau genre, il y a l’histoire d’un homme qui a dû affronter ses fragilités : une quête de reconnaissance, un burn-out, des remises en question profondes… Avec sincérité et émotion, Jonathan revient sur son enfance, son rapport à la foi, les épreuves qui l’ont façonné, sa nouvelle paternité et la manière dont il a entrepris de guérir de ses blessures d’enfance. Un témoignage inspirant sur la vulnérabilité, la transmission et la confiance dans la vie.

Comment te sens-tu dans tes premiers mois de paternité et penses-tu avoir trouvé un équilibre vie pro / vie perso ?

« Je me sens très humble. Quand je suis sorti de la maternité (la petite fille de Jonathan est née 5 mois avant cette interview NDLR), je me suis dit :

Mais quelle responsabilité on nous file en une fraction de seconde !

Déjà, il fallait que je me gère moi. Ensuite, il fallait qu'on se gère avec ma femme parce qu'en couple… et tout d'un coup, c'est une forme de responsabilité énorme. Je me suis dit :

Punaise, on file ça à tout le monde comme responsabilité !

Donc, je me sens bien, je me sens très humble et je me sens très responsable.
Parce que c'est une chose de voir tout ce qu'on a ressenti de nos parents — c'est une autre chose, et c'est normal, de s'en plaindre parfois — mais quand vient le moment de commencer à faire mieux, c'est une autre partie qui commence et je pense que je suis en train de le mesurer.

Sinon, pour la deuxième partie de ta question, je fais partie de ceux qui mélangent beaucoup la vie pro et la vie perso. Non pas que tout soit entremêlé, donc qu’il n’y ait pas de séparation. Mais ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a des moments où je fais mes heures de boulot, je vais pouvoir partir en week-end avec ma fille, avec ma femme, et mélanger tout ça. Donc j’essaie d’avoir des moments de qualité qui ne sont pas que le samedi et le dimanche. Et puis, il y a aussi des week-ends où je bosse plus. Donc tout s’entremêle.

Je pense au dernier week-end avant cette interview : je gardais ma fille et je crois que j’ai fait deux ou trois heures de tour de parc en écoutant des podcasts des gens que j’allais interviewer. On vient de recevoir Laurence Boccolini et Amélie Nothomb. Je baladais ma fille en écoutant des podcasts, puis quand elle se réveillait, j’arrêtais. Je fais un peu comme tout le monde : j’essaie d’être là et en même temps de gérer.

Et non, je ne pense pas avoir trouvé un équilibre entre vie pro et vie perso, parce que j’ai décidé — ou plutôt j’ai entendu et j’ai fait mienne cette phrase — que la vie est un déséquilibre permanent.
Donc
je vais arrêter de chercher mon équilibre puisque, de toute façon, tout est déséquilibré.
J’essaie plutôt de surfer une vague, de la surfer le mieux possible, le plus longtemps possible.

Mais j’arrête de faire de mon bonheur quelque chose qui est lié au fait qu’il y a un équilibre, puisqu’en fait il n’est pas là.

Quel souvenir gardes-tu de ton enfance dans une fratrie nombreuse ?

« Une grande joie. Je pense qu’avoir une fratrie nombreuse (Jonathan a 3 petites sœurs et un petit frère), c’est une grande joie.
La joie de pouvoir partager des choses ensemble, la joie de pouvoir jouer ensemble.
Donc, une grande joie, une grande chance, surtout qu’élever cinq enfants… maintenant que je commence à comprendre le truc, je pense que je tire mon chapeau à mes parents. Et à toutes les familles nombreuses.
Mais donc, je garde un souvenir très joyeux. Et je mesure aussi à quel point
c’est une chance et une joie dans la vie aujourd’hui d’avoir des frères et sœurs où on ne prend pas les mêmes chemins, mais on vient du même berceau.
Et donc,
on se comprend très vite et facilement. Je pense que c’est ça que je garde : la joie de l’enfance et la joie de pouvoir se comprendre sans rien se dire aujourd’hui. »

Quel enfant étais-tu ?

« Quel enfant j’étais ? Il ne faut surtout pas que ma mère écoute ce podcast. Sinon, ça va être plus long à débriefer avec elle qu’à l’écouter.
Je pense… enfin… j’étais un enfant hyper joyeux, plein d’énergie, toujours prêt à monter un spectacle, toujours prêt à aller faire une cabane, aller tchatcher avec les gens.

Je me souviens, il y avait beaucoup de travaux chez nous, souvent, et je passais mon temps à faire des barbecues avec les ouvriers, à passer du temps avec eux.
Donc, j’avais
un relationnel et une envie de faire des choses constantes. Mais j’étais aussi un enfant — et ça, je l’ai découvert plus tard — anxieux, très souvent malade. Et donc, ça existe encore aujourd’hui chez moi, cette grande dualité.

Je pense que ça existe chez beaucoup de gens qui nous écoutent, qui nous regardent, mais cette grande dualité entre le talent, l’envie, la joie, toutes ces choses qui nous poussent vers l’extérieur… et en même temps une connexion à sa fragilité, à sa vulnérabilité.
Moi, c’est vraiment quelque chose qui demeure encore aujourd’hui chez moi.

  • Dès qu’on me parle du succès des Lueurs, je vois aussi toutes mes faiblesses.

  • Dès qu’on ne fait que me parler que de mes faiblesses, je dis :
    Mais attendez, je fais aussi des trucs, enfin… je suis aussi fier de ce que je fais.

Et ce vice-versa, je pense qu’il était présent très tôt dans mon enfance. »

Guérir de ses blessures d'enfance : témoignage de Jonathan Langlois, créateur du média Les Lueurs

Qu’est-ce qui nourrissait ta joie d’enfant ?

« Le fait d’avoir des parents aimants. C’est intéressant : ils ont divorcé après. Ma mère s’est même remariée, puis elle a redivorcé.
Donc, on pourrait se dire : des parents aimants avec un tel parcours de vie…
Je trouve qu’
on peut décorréler l’histoire de nos parents, de l’amour qu’ils nous donnent. Et ça, je le mesure aujourd’hui.

Je ne serais pas aujourd’hui devant toi, je ne serais pas capable d’aimer à mon tour, je ne serais pas capable d’être parent si je n’avais pas reçu d’amour, même si la trajectoire de mes parents n’a pas été la même.
Donc, aujourd’hui, je suis capable de le séparer et de dire que j’ai beaucoup reçu d’amour, ce qui m’a rendu joyeux.
Ça, c’est sûr que cette joie et cet amour m’ont permis d’avoir une enfance heureuse.
La joie et la chance de pouvoir avoir une scolarité. La joie et la chance de pouvoir faire du sport, de pouvoir apprendre des choses.
C’est bête, mais tous les enfants n’ont pas cette possibilité-là. Moi, j’ai pu faire du tennis, j’ai pu faire de la guitare, j’ai pu faire du VTT.
Ça fait partie des choses qui épanouissent un enfant, je pense. Et puis, le fait d’avoir des frères et sœurs.

Quand je me penche sur mon enfance, je pense aussi à deux lieux.
Il y a le lieu de ma grand-mère paternelle à Nantes, qui était le lieu où tout était permis : le lieu où on pouvait manger ce qu’on voulait, regarder la télé comme on le voulait, tout dire, tout faire… Ça, c’est un lieu qui me revient souvent.
Et puis il y a la Côte d’Azur — en tout cas, pas loin de la Côte d’Azur — où on allait souvent chez mes arrière-grands-parents.
Ce sont des lieux de joie. Ce sont des lieux… je ne sais pas si ceux qui nous écoutent en ont aussi, mais… où on avait l’impression d’être protégés.

Aujourd’hui, on dirait une safe place, un lieu-refuge. »

Le divorce de tes parents a-t-il ébranlé ta foi ?

« En fait, pour moi, le fait d’avoir des parents aussi croyants… je ne sais pas comment te dire, mais c’était comme une assurance pour moi. C’est-à-dire que j’avais l’impression que j’étais du bon côté de la barrière.
C’est une forme d’orgueil spirituel : je me disais que, comme on croit en Dieu — alors que pas tout le monde croit en Dieu — notre Dieu, il est cool. Et comme il est cool, il veut notre bonheur. Il nous protège.
Et donc, on est un petit peu protégés des bassesses du monde. Donc, le chômage, le divorce, les grosses maladies, les échecs… on en a comme tout le monde, mais on a une assurance tous risques.
Et mes parents ont tellement aussi passé de temps à prier, à redonner du temps pour les autres, que pour moi, des gens qui donnaient autant de temps pour un Dieu… ce n’était pas possible que Dieu les lâche.
Et quand je rentre un soir et que j’entends mes parents qui discutent de leur séparation, et que je comprends qu’on est arrivés au terme…

Je ne l'ai pas vu venir. Mes sœurs l’avaient senti. Je pense que les femmes sont bien meilleures que les mecs pour ça.
Mes sœurs étaient convaincues du truc, elles m’en avaient parlé plusieurs fois : Je pense qu’il se passe ça, il se passe ça. Moi, je ne voyais rien. Mais je le sentais, je pense…
Pour moi, ce n’était pas possible. C'étaient les maîtres en la matière. Ils ne pouvaient pas faire l’erreur qu’ils disent aux autres de ne pas faire. En tout cas, ce n’était pas possible qu’ils vivent ça. Et donc, quand je comprends qu’ils vont se séparer, je m’effondre.

Je pense que tous les enfants qui vivent ça s’effondrent. Mais je me révolte aussi. Ce n’est pas possible : si je vis ça, alors tout ce qu’on m’a inculqué est faux.
Dieu n’existe pas. Mes parents ne se sont jamais vraiment aimés. Je n’ai plus d’assurance. Je ne suis même pas sûr, moi, d’y arriver. Et je ne sais plus trop où reposer la tête. Là, pour le coup, je suis rentré dans un moment de révolte, et un peu de peur et d’angoisse. »

Qu'est-ce que tu aurais aimé apprendre à l'école ?

Pendant l’interview, Jonathan Langlois explique que son rapport à l’école a basculé au moment où on l’a inscrit, après un bon début de scolarité, dans un établissement très exigeant à Paris. L’injonction à réussir et la pression scolaire l’ont paralysé. A alors débuté un long « chemin de croix » à l’école. Le stress a eu un effet contre-productif, entamant sa confiance en lui. Cette période a été douloureuse : soirées de travail forcé avec sa mère, colères, conflits avec ses parents et ses professeurs. Il a été marqué par le regard négatif de certains enseignants, notamment un superviseur qui lui a dit que décrocher son bac serait déjà « pas mal » – ce qui l’a poussé à se surpasser et à obtenir une mention, par orgueil.

« Je pense que j’aurais aimé qu’on m’offre la possibilité de voir que je pouvais être doué pour des choses que je ne voyais pas maintenant. Ça peut passer par plein de choses : juste toucher du doigt le fait qu’il y a un savoir fondamental, mais qu’il y a plein de modes d’expression.
Ce n’est pas forcément la grande créativité : ça peut être le sport, ça peut être l’art (cf.
les bienfaits de la musique chez les enfants avec Joan Koenig), ça peut être la prise de parole en public, ça peut être le mime, ça peut être la pâte à modeler… plein de trucs.
Mais juste
toucher du doigt un champ des possibles.

Parce que je comprends qu’on nous transmette un savoir fondamental — ça construit la tête comme jamais, ça construit le raisonnement logique — sauf qu’aujourd’hui, ça fait de nous des personnes très coupées d’eux-mêmes. Et on le voit. Moi, je le vois dans toutes les rencontres que je fais aussi, comme toi : il y a des super cerveaux, on peut calculer, se projeter, être concentré, tous les raisonnements sont là. Mais la part du cœur, elle n’est pas là. La connaissance de soi-même, l’empathie, la créativité, la capacité à faire différemment… elle n’est pas là.
Ça, j’aurais bien aimé
ne pas attendre de faire un burn-out, de perdre ma voix, pour le toucher. » 

Jonathan Langlois a vécu un burn-out qui l'a éloigné du travail pendant plus d'un an et demi. Il a expliqué au cours de diverses interviews s'être réveillé un matin sans voix. Il a également dit que cette épreuve lui a permis de réaliser à quel point il vivait sous le regard des autres, qu'il avait besoin de cocher toutes les cases, de faire plaisir aux autres.

Quel rôle ton éducation a-t-elle joué, penses-tu, dans cette quête de réussite que tu avais lorsque tu as fait ton burn-out ?

« Aucune famille n’est parfaite. Moi, je pense que dans la mienne, il y avait une exigence à la réussite très forte.
Pour d’autres familles, c’est une exigence de gagner de l’argent. Pour d’autres, c’est d’être tout le temps ensemble… Pour d’autres encore, d’épouser tel type de personnes.
Moi, il n’y avait pas du tout ça, mais il y avait une exigence de réussite des projets, de travail.

Réussite dans le sens reconnaissance
.
Et moi, je me suis lancé à fond dans :
il faut que je sois validé dans le regard de tout le monde pour prouver que je mérite d’exister et pour avoir la reconnaissance dont j’ai besoin pour me sentir bien dans mes baskets.
À partir de là, la fin justifie les moyens :
je ne dis jamais non, je travaille comme un dingue et je cartonne tous les pans de ma vie.

Le burn-out, c’est la maladie du don.

C’est d’ailleurs horrible comme maladie, parce que c’est la maladie des gens qui se donnent trop.
C’est quand même un comble : on parle toute la journée de l’égoïsme de notre société, et pourtant
il y a des personnes qui se donnent trop pour les mauvaises raisons, qui se donnent mal. Moi, je me donnais mal.

Aujourd’hui, je sais que dire non, ce n’est pas refuser de l’amour, même si ça reste très compliqué pour moi.
Donc moi, j’étais parti là-dedans, dans cette fuite en avant vers la reconnaissance, dans cette fuite en avant vers la perfection dans le regard d’autrui.
Je suis rentré dans une agence de communication, j’ai travaillé comme un dingue… Je travaillais beaucoup, mais je travaillais pour plaire, donc en fait j’étais écartelé —
pourquoi la vie intérieure est si importante ? Parce que si on ne travaille pas à s’aligner en nous, alors le corps, qui est plus intelligent que tout, t’arrête. Il nous dit stop. C’est une protection de sa part.

Moi, j’étais non ajusté. Donc à un moment, je m’écartelais de plus en plus entre qui j’étais et ce que j’étais à l’extérieur de moi.
L’intérieur et l’extérieur n’étaient plus du tout alignés.
Et donc, à un moment, tu tends l’élastique… et il claque.
Et moi, un matin, je me réveille et… il n’y a pas de voix. Littéralement, il n’y a pas de voix. »

Quelles sont les ressources qui aident à guérir de ses blessures d'enfance, en tous les cas, celles qui ont fonctionné pour toi ?

« Je crois beaucoup au corps, au cœur et à l’âme. Je n’ai rien inventé, personne ne m’a attendu pour sortir ces trois mots. Mais ce que je veux dire par là, c’est que j’ai travaillé des ressources sur ces trois dimensions.

  • Le corps, évidemment, en essayant de prendre soin de moi, en allant voir des médecins, en essayant de garder une hygiène de vie, adéquate, etc. Ça, c’est le corps.

  • Mais le cœur et l’âme… j’ai assez rapidement été accompagné par un super thérapeute qui m’a suivi pendant plus de cinq ans.
    Et c’est lui, en fait, qui m’a montré comment
    ce burn-out est un arbre qui cache une forêt, et qui m’a fait rentrer dans une autre dimension.
    Lui, je lui dois le travail dans les profondeurs de l’âme.
    Je lui dois tout ce qui ne se voit pas, mais qui fait de vous quelqu’un en paix.
    Et donc, c’est comme ça que j’ai travaillé la dimension psychologique.

  • Et puis l’âme, parce que je me suis énervé contre Dieu, je suis allé dans des églises gueuler, j’ai fait des retraites, je suis allé marcher en Italie.
    J’ai fait beaucoup de choses aussi pour essayer de comprendre ce qui m’arrivait spirituellement. En m’entourant de conseillers spirituels, en vivant des expériences de ressourcement, en étant accompagné sur la dimension psychologique, et en allant voir des médecins, en gardant une hygiène…

Ce sont ces trois choses-là.
Je ne sais pas si les gens se rendent compte, mais
quand il vous arrive quelque chose comme ça, que vous ne comprenez pas ce que votre corps, ce que la vie vous dit, et que vous avez  pourtant l’impression de tout mettre en œuvre pour le comprendre… ça rend dingue.
Moi, ça me rendait dingue. J’étais révolté.

Et aux gens qui disaient : « Moins tu seras révolté, mieux ça ira », j’avais envie de leur répondre : « Plus tu arrêteras de parler, moins j’aurai envie de t’entarter. »

Dans cet épisode sur comment guérir les blessures d'enfance, il est notamment question de l'interview de la rabbin Delphine Horvilleur par Jonathan Langlois sur la nuance dans un monde radicalisé. Lors de cet échange, Jonathan a cherché à comprendre la frontière juste entre un cadre rigide et une liberté totale dans la transmission avec ses propres enfants, notamment la transmission de la foi

Delphine Horvilleur, interviewée par Jonathan Langlois dans Les Lueurs

Est-ce que tu as trouvé aujourd'hui où se situe cette frontière entre cadre rigide et liberté totale dans la transmission ? 

« C'est vrai que lors de cette interview de Delphine Horvilleur, je l'ai beaucoup questionnée sur ce sujet parce que ça me questionne beaucoup et ça nous questionne avec ma femme. C'est-à-dire que :

  • Soit on dit à ses enfants tout est possible. Il y a plusieurs religions. Il y a même des gens qui ne croient pas. Et donc, voilà toutes les possibilités et en fonction de ta vie, choisis. Option 1.

  • soit on dit : voilà ce en quoi tes parents croient ou ne croient pas. On va donc t'élever dans cette non-foi ou alors dans cette foi. Et quand tu seras adulte, tu feras ton choix.

Ce sont deux chemins. Donc, je questionnais beaucoup Delphine Hervilleur là-dessus parce qu'elle était plutôt dans un mode : il faut leur montrer un étendu de choix et puis ils choisiront.

Aujourd'hui, à titre personnel, je crois plutôt au fait de transmettre ce qui est important pour les parents, que ce soit la foi ou pas la foi. Mais je pense qu'un cadre, ou en tout cas une authenticité des parents dans ce qu'ils sont, et donc la foi en fait partie, j'ai l'impression, je pense, que ça rassure l'enfant. Je pense aussi que ça montre une cohérence. Et des parents qui disent : « Voilà, moi j'ai choisi A mais voici B, C, D, E, F », moi, j'ai l'impression que déjà, ça ne permet pas à l'enfant de comprendre pourquoi le parent a choisi vraiment A. Ça n'offre pas un cadre sécurisant et sans ce cadre sécurisant, à quel moment l'autre peut sortir du nid ? Moi, si je suis allé explorer d'autres choses, si j'ai remis en cause l'existence de Dieu, si j'ai remis en cause la mauvaise image de Dieu que j'avais, d'un Dieu assurance qui protège, si j'ai pu faire tout ça, c'est parce que j'ai eu un cadre et après, je suis allé l'explorer. Et merci à mes parents de m'avoir permis de l'explorer et de me permettre encore de le faire.

On va continuer d'évoluer avec ma femme là-dessus, mais en tout cas, je ne me vois pas être un parent « tout est possible, tout se vaut » parce que, déjà, on n'a pas fini dans ce cas-là. C'est-à-dire qu'à l'heure de la mondialisation, il va falloir lui expliquer un paquet de pratiques quand même à notre fille. Donc, je crois qu'il y a une certaine forme d'authenticité, de cohérence dans le cadre et je pense que c'est important de filer un cadre. »

Quelles valeurs veux-tu transmettre à ta fille ?

« Ce n'est pas une valeur, mais avec ma femme, on aimerait remplir d'amour au maximum notre enfant parce que j'ai vraiment observé que c'est le point de départ de tout. Donc, être créatif dans la manière d'aimer. Et pour moi, c'est un challenge. C'est-à-dire que, comme beaucoup, je pense, au bout de 20 minutes à jouer avec ma fille, je m'embête. Donc, j'ai envie de regarder mon téléphone, j'ai envie de préparer autre chose. C'est un défi.

Mais en tout cas, la première chose que j'ai envie de transmettre, c'est l'importance qu'elle a dans nos yeux et de remplir son réservoir d'amour. Ça, c'est le premier truc. Je pense que le deuxième, c'est une certaine forme de responsabilité ou de liberté. Ça va ensemble, en fait. Ça veut dire qu'elle peut tout faire. Tout est possible. Elle peut se déployer comme elle veut. Mais elle a aussi la responsabilité de le faire pour le bon, pour le bien, pour ce qu'elle semble juste. J'aimerais beaucoup développer ça.

Moi, je trouve ça magnifique quelqu'un qui sent qu'elle est à la fois responsable et libre. Si j'arrive à lui transmettre ça, punaise. Je ne le saurais jamais. Elle le dira peut-être à un podcast dans 30 ans. Mais si j'arrive, si on arrive, parce qu'on est deux, si on arrive à transmettre ça, punaise, on sera contents tous les deux. »

Que dirais-tu à ton « moi enfant » et quelle trace tu aimerais laisser dans la vie intérieure de ta fille ?

« À mon « moi enfant », je dirais « Aie confiance ». Quelque chose de plus grand est avec toi pour toujours. Ça te dépasse. Ne cherche pas toujours à le comprendre, mais vis. Je pense que je lui dirais ça et je lui dirais de s'en souvenir dès qu'il affronte des tempêtes.

Une confiance absolue dans la vie. Tu disais tout à l'heure « Va vers toi » (ou Lekh-Lekha en hébreu), c'est une phrase que j'aime beaucoup.

Il y a une autre phrase que j'aime beaucoup qui est : « C'est Dieu qui parle. J'ai mis devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis la vie afin que tu vives. »

S'il peut y avoir ce choix de vie et cette confiance dans la vie, dans l'intériorité de ma fille, en tant que père et ma femme en tant que mère, je pense qu'on aura vraiment réussi notre rôle de conducteur d'amour et de transmission pour notre enfant et peut-être demain nos enfants. »

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