Le deuil : raconter pour se réparer – l’histoire du film Promesse de Thomas Hug de Larauze

Le deuil : raconter pour se réparer. C’est finalement le chemin que parcourt Thomas Hug de Larauze en réalisant le film documentaire Promesse, cette promesse qu'il a faite à Laurène, sa sœur jumelle, emportée par une leucémie à 22 ans. À travers ce film, sorti en salles en avril 2025, il livre une œuvre lumineuse, intime et universelle. Car Promesse ne parle pas seulement de la maladie ou de l’absence : il célèbre la vie, l’amour fraternel, les liens familiaux et la puissance de la mémoire.

Dans cet épisode du podcast Les Adultes de Demain, Thomas revient avec une grande sincérité sur la genèse du film Promesse, le lien unique qui l’unissait à Laurène, l’impact du deuil sur sa jeunesse, l’élan de vie que Laurène continue de faire rayonner aujourd’hui, notamment à travers la naissance de son fils et la manière dont il construit aujourd’hui sa propre parentalité. Un témoignage fort qui fait du bien, et qui montre à quel point poser des mots peut, parfois, aider à se réparer.

Quel souvenir gardes-tu de ton enfance dans une grande fratrie, avec une sœur jumelle ?

« C'était la joie. On a eu une enfance heureuse. On était à Nantes, et on est cinq en sept ans. C'est très rapproché. Tu vois de quoi je parle (Ils sont également 5 frères et soeurs en 7 ans chez Stéphanie d'Esclaibes, NDLR). Et en fait, on passait notre temps entre Nantes et la Bretagne, où on avait notre maison familiale et où il y avait un peu tout à défricher là-bas. Donc on passait notre temps là-bas jusqu'à l'adolescence. Puis on a préféré que nos parents y aillent sans nous pendant qu'on restait à Nantes avec les potes.

Et au sein de la fratrie, il y avait quand même deux clans, on va dire. Il y avait les grands, Thibaut et Marine. Et il y avait Côme, qui était un peu au milieu, et Laurène et moi. Sachant que Côme, Laurène et moi, on n’a qu’un an et trois mois d’écart. Donc c’est très rapproché.

Et en fait, du coup, il y avait cette dynamique où on passait beaucoup de temps avec Laurène, déjà ensemble, petits. Côme avait ses potes, et les deux grands, ils étaient un peu ensemble.

Chez nous, c'était Céline Dion dans le salon. On chantait, on dansait, c'était dans tous les sens. C'étaient les grands trajets en voiture de 12 heures pour aller de l'autre côté de la France, au ski. C'était une enfance joyeuse. On a eu la chance de bénéficier d'un cadre assez incroyable à Nantes. Moi, j'en garde un souvenir incroyable. »

Dans ton film Promesse, on découvre en effet la puissance de votre lien, votre solidarité, à quel point vous avez été soudés, notamment lors de l'annonce de la maladie de Laurène. Est-ce que vous avez toujours eu une telle entente, un tel lien ? Comment la maladie a-t-elle transformé vos liens familiaux ?

« Non. J’espère que mes frères et sœurs sont d’accord avec moi, mais moi, non. Je répondrais non à la première question.

Laurène et moi, on était quand même très proches. Il y a eu un moment de notre vie où, pour le coup, on a voulu prendre nos distances. Enfin, moi, j'ai voulu prendre mes distances. C'était à l'adolescence, où j'avais envie d'avoir mes potes, etc. Le fait est qu'elle est devenue pote avec mes potes, donc je n'ai pas eu le choix, en fait. Et finalement, j'ai adoré qu'on se retrouve.

Mes autres frères et soeur avaient un peu chacun leur vie. Marine et Thibaut, qui avaient une différence d'âge très faible — deux ans — n’étaient pas si proches que ça.

Typiquement, la relation entre Côme et Laurène était assez compliquée. Et Marine et Laurène n’étaient pas spécialement proches non plus. Du coup, la maladie a complètement remis à zéro tout ça.

Laurène, c'était la grosse rebelle de la famille. Elle fumait en cachette, elle volait dans le portefeuille des parents. Voilà. Et moi, j'étais un peu le frère un peu sage du duo de jumeaux. Et je veillais sur elle.

Donc la famille avait un peu de mal avec Laurène. Mes parents aussi. C'est pour ça qu'elle est partie, d'ailleurs, au Canada pour redoubler sa seconde.

Et donc, avant qu’elle parte, il n’y avait pas une alchimie incroyable. Enfin, il y avait cette famille nombreuse où ça passait bien, mais pas non plus une alchimie incroyable.

Et pour le coup, Laurène, à travers sa maladie, a complètement renversé la table. Et là, du jour au lendemain, on s’est retrouvés tous dans le même bateau. Et elle aussi a réussi à créer ce truc qui fait qu'on était tous très soudés, quoi.

Elle le disait tout le temps : “Sans vous, je ne peux rien faire.”

Et en fait, ce qui est étonnant — j’en prends conscience là en te parlant — c’est qu’on ne s’est jamais dit : c’est fou, on n’était pas si proches les uns des autres avant, et ce truc a complètement changé nos relations entre frères et sœur, nos relations familiales. Même entre nous, pas seulement avec Laurène.

Pour moi, il y a aussi du beau dans la maladie. C’est une des belles choses qu’elle a apportées : elle a permis de créer ou de recréer certains liens entre nous. Et ça fait du bien. »

Est-ce que ton lien avec Laurène était plus fort du fait de votre gémellité, notamment pendant la maladie ?

« Non, pas du tout. Je l’évoque à un moment dans le film, pas forcément avec ces mots-là, mais moi, j’étais très gêné quand on me disait ça, parce que je trouvais ça pas très équitable vis-à-vis des autres frères et sœurs.

Alors, avant la maladie, c'était différent. Mais depuis que la leucémie était présente dans tout notre quotidien, me dire que moi, j’étais celui qui était plus proche de Laurène, ça ne me paraissait pas réaliste. Et ça ne représentait pas la situation comme je la vivais, en tout cas.

Dans les faits, on avait quand même une relation particulière et j’ai mis du temps à l’accepter. Aujourd’hui, je l’accepte, jusqu’à devoir faire son film. Et je pense qu’il n’y aurait personne d’autre dans la fratrie qui aurait pu faire ce film. Parce que Laurène se confiait différemment à moi versus les autres, parce qu’on avait la même bande de potes. Donc quand elle sortait de l’hôpital, on passait aussi beaucoup de temps tous les deux avec nos amis, parce qu’elle ne vivait pas forcément avec les autres frères et sœur.

Mais pour autant, nos frères et sœur gardaient un lien très proche avec elle. C’étaient plus des appels. Moi, j’avais ce besoin. D’ailleurs, je l’évoque aussi dans le film, je suis resté aussi, plus longtemps à Nantes avec elle, quand elle est tombée malade. Parce qu’à la fin, on n’était plus que tous les deux à la maison. Je ne me voyais pas du tout la quitter. Et je ne pense pas qu’elle aurait imaginé que je parte aussi à ce moment-là.

C’est sûr que ça fascine, les jumeaux. Moi, j’adorerais avoir des jumeaux, typiquement. Mais pour autant, c’est sûr qu’il y avait un lien particulier. J’ai eu du mal à l’accepter, mais aujourd’hui, je l’accepte. »

Écoutez Muriel Decamps, auteure de nombreux ouvrages sur les jumeaux, elle-même maman de 3 filles dont des jumelles, une grande aventure !

Comment as-tu réagi à l’annonce de sa leucémie et t'es-tu autorisé à envisager sa mort ?

« Non, non, c’est quelque chose que je n’ai pas envisagé. Et c’est le film qui m’a fait prendre conscience de ça, en voyant les images, en me questionnant sur comment j’avais vécu tel et tel moment — notamment ce moment de l’annonce.

En fait, on était séparés. Ma grande sœur était avec mes parents autour de Laurène au Canada, parce qu’elle était à Philadelphie à ce moment-là. Mon grand frère était à Lille, et nous, on était à Nantes avec Côme.

Et quand on l’a appris, il y avait les grands-parents qui étaient venus relayer mes parents. Je me souviens toujours de cet appel. Il était horrible. Mais en même temps, je n'avais pas conscience de ce qui se passait.

Ils nous annoncent que Laurène a un cancer. Un cancer, tu comprends ce que ça veut dire. La leucémie, pas vraiment. Et ce qui m’a fait le plus de mal ce jour-là, ce n’est pas tant le mot “cancer”, c’est de voir mon frère s’écrouler. Lui a compris tout de suite la gravité. Il va sur Wikipédia, il lit toutes les statistiques, les taux de survie… Et c’est horrible.

Moi, je suis dans le déni. Je ne vais pas sur Internet. Mon rôle, je me dis que c’est plus de cheer-up, de réconforter Laurène à distance. Donc dès qu’on s’appelle, je suis à fond. Et je me protège aussi, je pense. Inconsciemment.

Ça a mis pas mal de temps avant que j’accepte que c’était du déni. Mais c’est ce que j’ai fait tout au long de sa maladie. J’avais ce rôle de celui qui est à l’écoute, mais qui va avoir tendance à ultra-positiver, à relativiser.

Et il y a des moments où le patient, notamment Laurène, a envie de ça, en a besoin. Et des moments où pas du tout. Des moments où, au contraire, il faut dire que c’est la merde, que ça ne va pas, que c’est compliqué, et il faut l’accepter.

Je n’étais pas le meilleur pour ça. Elle m’a fait beaucoup évoluer là-dessus. Mais moi, il y a eu un déni sur le sujet de la mort, du début à la fin. Même dans les derniers jours de sa vie, c’était inconcevable pour moi. Inenvisageable.

Alors qu’en interviewant ma famille, j’ai pris conscience que c’était quelque chose qu’eux envisageaient. »

Qu’est-ce que sa maladie a changé dans ta vie de jeune adulte ?

« Quand Laurène est tombée malade, elle est revenue (de Toronto, au Canada, où elle redoublait sa seconde, NDLR). Moi, j’étais en première. Je venais d’avoir une copine — en plus, c’était sa meilleure amie. Donc, Laurène était très présente tout le temps. Elle voulait tout savoir.

Du coup, c’était un peu particulier, parce que moi, quand je venais dans sa chambre stérile à l'hôpital, chambre où elle a passé six mois, elle voulait tout savoir sur tout. Et en fait, même des faits, des trucs… j’étais gêné un peu quand même de lui raconter ça, alors que je me disais : elle ne peut rien faire dans sa chambre de 9 m².

Mais elle avait aussi besoin de ça pour s’évader, vivre par procuration. C’était une ambivalence qui n’a pas toujours été facile à gérer.

Moi, concrètement, je sortais des cours, j’allais à l’hôpital le soir. Le mercredi après-midi, j’y allais aussi. On se relayait. Le stérile, c’était hyper contraint. On ne pouvait pas tous être en même temps dans la chambre : deux par jour. Laurène avait négocié pour que notre père ne compte pas, parce qu’il ne venait que le soir. Donc, il y avait un relais.

Ma mère était principalement là-bas. Nous, on se relayait pas mal avec Côme. Et après, il y a eu un moment où elle a voulu que les potes viennent. Moi, je l’ai bien vécu, presque comme un soulagement, à me dire : “Bon, je n’ai pas à y aller tous les jours.”

Alors que Côme, lui, plus il pouvait y aller, mieux c’était. Donc, on n’a pas vécu les six mois au CHU de la même manière.

Ensuite, je pense que j’ai un peu réendossé le costume du frère qui veille sur sa sœur. Laurène était plus fragile quand elle est sortie de l’hôpital. Mais je voulais aussi lui faire vivre plein de trucs. Donc, on faisait plein de conneries ensemble avec les potes, on partait en vacances… Mais dans ma tête, je me disais aussi : “T’es là pour t’assurer que ça va.” Parce que Laurène, elle voulait clairement reprendre le pas sur sa vie à vitesse fois trois. Très accélérée. »

Deuil : raconter pour se réparer avec Thomas Hug de Larauze

Comment s’est imposée l’idée du film Promesse ?

« Laurène m'a parlé de son projet de film vers la fin. Parce qu’en fait, elle s’est procuré sa caméra six mois avant de nous quitter. Alors, elle avait déjà parlé d’un film bien avant. J’ai retrouvé d’ailleurs des écrits, tu vois, deux ans avant qu’elle nous quitte. Mais là, elle avait plus en tête un film fiction qui allait raconter la rencontre entre un donneur et un receveur de moelle osseuse dans un bar. Ça fait plutôt sourire quand j’ai vu ce document. Ça fait deux pages et c’est assez naïf, mais c’est Laurène, c’est trop mignon. Et puis, ça a du sens.

Par contre, quand Laurène a cheminé sur le fait de raconter son histoire à elle, quelque chose de beaucoup plus personnel, ça, c'est arrivé plutôt dans les derniers mois. Et là, elle a eu cette caméra à Noël 2015. Et c’est dans les mois qui ont suivi. Je n’ai plus la date exacte quand on en a parlé, elle et moi, mais on en a parlé plusieurs fois. Il n’y a pas eu un seul échange.

Quant à la réaction de ma famille face à mon envie envie d’exposer cette histoire au grand public, ils ont honnêtement très bien réagi. Ma famille a toujours été très soutien du projet, pour la simple et bonne raison que c’était le projet de Laurène. À partir du moment où c’était sa volonté, ils étaient tous très alignés sur le fait de m’aider à le faire.

Cela dit — et moi le premier — on n’avait pas du tout conscience de la finalité. Si on m’avait dit qu’il sortirait au cinéma, que plusieurs milliers de personnes iraient le voir… non. J’aurais jamais imaginé ça. À l’époque, avec Laurène, on parlait de YouTube.

Je pense que mes proches ont accepté d’être interviewés parce que c’était pour elle, parce que c’était son souhait. Et ça fait partie, pour moi, des moments les plus forts du projet — notamment la découverte des images qu’elle avait filmées. On a eu des moments, en vérité, qui étaient assez incroyables. Mais je ne pense pas qu’ils s’imaginaient que ça puisse être exposé à ce point-là.

Il y a eu un soutien depuis le début, sans faille. Ils n’ont pas été impliqués plus que ça dans la réalisation du film — même pas du tout — mais je sentais que si j’avais besoin d’en parler, ils étaient là. Chaque année, plusieurs fois par an, ils me demandaient où ça en était. Ils savaient aussi quand il fallait prendre de la distance.

Il y a eu des moments où je n’avançais pas comme je voulais, où ça traînait. C’est long, de faire un film. C’est beau — j’ai découvert tout ça aussi — , mais c’est long. Et là, ils étaient plutôt en soutien.

Je n’ai pas eu à les convaincre. Je n’ai jamais eu à leur poser la question : “Est-ce que vous êtes OK ?” Je leur ai dit : “Le film que Laurène voulait faire, on s’était dit qu’on allait le faire. Et ça y est, je me sens prêt.”

La seule réaction qui m’a freiné, c’est ma mère qui m’a dit : “Réfléchis aussi à toi. Tu as cette promesse au-dessus de ta tête.” Elle n’avait pas vu les images. Et moi, je les avais vues. Je lui disais : “Tu ne réalises pas. Ce qu’elle a laissé derrière elle, ça doit être partagé.”

Mais je ne me suis jamais senti obligé de le faire. Ma famille a toujours été très en soutien. » 

Tu termines le film sur la naissance de ton fils. Pourquoi ce choix ?

« Pour moi, c’était évident qu’il fallait une fin joyeuse pour ce film.

Ce n’était pas évident, en revanche, de me dire que j’allais annoncer la grossesse de Léonie, ma femme. Et en fait, le monteur m’a proposé quelque chose. Et quand je l’ai vu, je lui ai dit : “Ah non, là, c’est trop. C’est trop personnel.” Mais en fait, ça disait beaucoup de choses. Et il avait raison.

Moi, ce que je voulais, c’était transmettre ce message : que la vie continue quand même. Malgré les épreuves, malgré la perte de ma sœur, il y a quelque chose qui continue. Et il y a cette flamme qu’elle a laissée, qui est encore là aujourd’hui.

Et je trouve ça très beau, très fort, que ce soit les enfants qui incarnent cette suite. Corentin, le premier petit enfant, est né trois semaines après le départ de Laurène. C’était très resserré. Et nous, ça nous a fait un bien fou, cette naissance dans la famille. Laurène devait être sa marraine, donc elle est toujours sa marraine de cœur.

Et depuis, la famille a bien grandi. Laurène était tellement fan d’enfants que c’était un clin d’œil aussi. Je pense qu’elle aurait adoré que ça se finisse comme ça.

Donc voilà, c’était insuffler ce message que, malgré tout ce qu’on a vécu, la vie continue. Et que c’est aussi cette union familiale qui nous permet d’avancer. »

Comment ce deuil a influencé le père que tu es devenu ?

« Déjà, je ne pensais pas que j’allais être autant gaga de mon fils. Il a un an et demi. Et moi, je me découvre complètement fan de mon fils.

Et je vois beaucoup Laurène en lui. Donc c’est émouvant.

J’ai cette petite pierre qui m’accompagne, que mon grand-père nous a offerte quand Laurène est décédée. Elle symbolise une colombe avec une tige de laurier. Et mon fils est complètement obnubilé par cette pierre. Il la touche tout le temps. Il y a un truc… je ne sais pas, j’ai du mal à décrire. Mais je vois des signes de Laurène autour de lui. Et ça me fait du bien.

Je suis aussi très content qu’il puisse découvrir Laurène plus tard, à travers ce film. Parce que pour moi, libérer la parole, c’est nécessaire. Et ça lui permettra d’avoir un support pour en parler. Ça, j’en suis très heureux.

Et puis, devenir papa, ça m’a aussi fait prendre conscience — naïvement peut-être — de ce que mes parents ont pu vivre. Et ça, ça a été douloureux. Parce que je me suis dit : “J’étais centré sur moi. J’étais ado. Je pensais à Laurène. Mais j’ai eu aucune attention pour mes parents.”

Eux, peut-être qu’ils se disent l’inverse : “Je n’ai pas été assez présent pour les autres enfants, trop sur Laurène.” Mais moi, ce n’est pas ce que j’ai ressenti.

Et je me suis rendu compte que c’est inimaginable, en fait, de perdre son enfant. Donc depuis que je suis père, je suis aussi très… je ne sais pas si c’est le mot “admiratif”… mais j’ai beaucoup d’émotion quand je pense à la manière dont ils ont réussi à avancer avec l’absence de Laurène. L’absence physique, en tout cas. Et ça m’a permis de me mettre un peu à leur place. »

Le deuil : raconter pour se réparer, c'est quelque chose qui te parle ? As-tu ressenti une certaine forme de culpabilité et ce film a-t-il été thérapeutique pour toi ?

« Oui. Faire ce film a été thérapeutique, c’est certain. Ce n’est pas quelque chose que j’aurais pu dire aussi clairement il y a quelque temps, mais aujourd’hui je le ressens profondément.

Le film m’a permis de prendre conscience de certaines choses, comme le fait que j’étais dans le déni à des moments importants du parcours de Laurène.

Il y a aussi eu le sujet de la religion. Je n’étais pas du tout attentif à ce que ça représentait pour elle, alors que c’était très important dans les derniers mois de sa vie.

Et puis, il y a la culpabilité.

J’ai mis du temps à accepter que je devais en parler dans le film. À la base, je ne voulais pas me montrer. Je ne voulais surtout pas prendre de place par rapport à Laurène.

Il y avait une forme de pudeur.

Et finalement, le film raconte notre vécu à tous — et aussi le mien. Je me souviens du jour où on a écrit cette voix off. J’assume, je dis le mot “culpabilité”. Je suis sorti de la salle en me disant : “Je vais vraiment dire ça ? Ça va être partagé avec des proches, des gens que je ne connais pas ?”

Et en fait, j’ai aussi cheminé. J’ai compris que plus tu es personnel, plus ça peut devenir universel.Et c’est ce que j’ai vécu. Et je pense que ça peut faire écho à d’autres gens qui vivent ça, pas forcément jumeaux.

Néanmoins, effectivement, en étant jumeaux, il y a une dose de culpabilité supplémentaire, honnêtement, que j’ai ressentie. D’injustice. « Pourquoi elle et pas moi ? » Et encore aujourd’hui, il y a des jours où je me réveille, je suis tellement révolté. Et je ne comprends pas. Donc ce n’est pas un truc qui va me quitter un jour, je pense. Il y a des jours avec, des jours sans. Pour autant, tu ne peux rien y faire. De toute façon, je ne me posais même pas la question.

Il y a eu plusieurs types de culpabilités.

  • D’abord, la culpabilité d’être vivant.

  • Ensuite, la culpabilité de l’absence : se dire qu’à certains moments, je n’ai pas été assez présent.

  • Et puis, celle de l’oubli. L’oubli des dates, des souvenirs.

Moi, j’étais très biaisé par les images, les vidéos. J’ai passé tellement de temps à les revoir pour le film que, pendant un moment, je me disais : “Je ne me souviens plus de rien spontanément.” C’est revenu avec le temps. Aujourd’hui, j’assume tout ça. Ce n’est pas facile, mais c’est ce que je vis. Et je pense que ce n’est pas anormal. »

Quel message souhaites-tu transmettre aux enfants d’aujourd’hui ?

« Je pense à mon fils, à ce qu’on s’est dit avant. On est dans un monde qui évolue énormément, comme à chaque siècle, mais en ce moment, il y a beaucoup de choses qui bougent très vite. On est dans l’instantané de l’information, de tout.

Mon conseil, ce serait plutôt de prendre le temps. De profiter de leurs copains, de leurs copines, des gens qui sont autour d’eux. Et de vivre des plaisirs simples.

Parce qu’on est toujours, de plus en plus, à la recherche du truc incroyable, du moment exceptionnel. Profitons des petits bonheurs dans la vie.

Et puis, il y a cette phrase de ma mère qui est restée gravée. Aujourd’hui, quand elle parle des petits tracas ou des stress de la vie, elle dit que ce sont juste des petites choses.

Et elle a raison. La santé, à côté… c’est ça, l’essentiel.

C’est dur de relativiser tout le temps — on a nos problèmes, et moi le premier. Même après tout ce qu’on a vécu, parfois j’oublie. T’es frustré parce qu’il y a un train en retard, et c’est normal.

Mais cela dit, la vie est précieuse. Elle est courte, finalement. Et il faut en profiter à fond.

Ma mère dit aussi : “Je vis comme je peux vivre.” Et je pense que ça veut dire accepter qu’on est des humains, avec nos fragilités. Il y a des jours avec, des jours sans. Et c’est ok. »

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