Ville à hauteur d’enfants : comment Lyon change d’échelle avec Tristan Debray #242

Imaginer une ville à hauteur d’enfants, c’est repenser nos espaces urbains pour qu’ils soient adaptés aux besoins des plus jeunes, tout en améliorant la qualité de vie de l’ensemble des habitants. Ce concept, théorisé par le chercheur italien, Francesco Tonucci, inspire aujourd’hui de nombreuses initiatives en France et ailleurs. Certaines villes ont déjà choisi de repenser les villes pour les familles, prouvant qu’une politique urbaine centrée sur l’enfant profite à tous. Dans ces collectivités locales, l’enfance devient une véritable boussole des politiques publiques locales.

À Lyon, cette démarche a pris une dimension concrète depuis 2020 grâce à la création d’une délégation municipale spécifiquement dédiée à la « Ville des Enfants ». Rues apaisées aux abords des écoles, végétalisation des cours, conseils d’enfants et même premier conseil municipal des adolescents : la capitale des Gaules s’impose comme un laboratoire inspirant d’une urbanité plus inclusive.

Dans cet entretien, Tristan Debray, conseiller municipal délégué à la Ville des Enfants, revient sur cinq années d’actions menées à Lyon. Il raconte comment ce projet est né d’une « feuille blanche », quels chantiers ont été déployés et en quoi une ville pensée à hauteur d’enfants bénéficie finalement à toutes et tous.

Qu’est-ce qu’une ville « à hauteur d’enfants » ?

La notion de ville à hauteur d’enfants ne se limite pas à aménager quelques aires de jeux supplémentaires ou à sécuriser des trottoirs : elle consiste à repenser la ville entière en fonction des besoins spécifiques des plus jeunes. Le chercheur italien Francesco Tonucci, dans son ouvrage La ville des enfants : Pour une [r]évolution urbaine, a théorisé cette idée ambitieuse : en mettant les enfants au centre de l’espace public, on crée une société plus juste, inclusive et durable pour tous.

Cette approche s’appuie directement sur la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), adoptée par les Nations Unies en 1989 et ratifiée par la quasi-totalité des États du monde. Comme le rappelle Tristan Debray, « c’est le traité… le plus ratifié dans le monde », preuve de sa portée universelle. La CIDE est un texte qui comprend 54 articles au total, qui sont décomposés à travers des grands principes.

« Il y a bien sûr 

  • le droit à la santé, 

  • le droit à l'éducation notamment, 

  • mais il y a aussi d'autres droits comme le droit à la non-discrimination, 

  • un principe très important qui est l'intérêt supérieur de l'enfant, 

  • également, parmi les grands principes, il y a la survie de l'enfant et son développement, 

  • et également un autre principe qui m'est très cher, notamment dans mon travail d'élu à la Ville de Lyon, c'est le droit à la participation », précise Tristan Debray. 

C’est précisément ce dernier point qui fonde l’esprit d’une ville à hauteur d’enfants : ne plus considérer les jeunes uniquement comme des personnes à protéger, mais comme de véritables acteurs de la cité, capables d’exprimer leurs besoins, leurs idées et d’influencer les décisions qui les concernent. Cette réflexion rejoint d’autres épisodes du podcast, comme celui consacré à la politisation de l’enfance, qui montre combien la reconnaissance des enfants comme citoyens change le débat public.

Pour Tristan Debray, ces principes, et notamment le droit à la participation, doivent guider chaque politique locale.

Et ce droit n’est pas purement théorique. Tous les cinq ans, les États doivent rendre des comptes au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, qui vérifie la conformité de leurs lois et pratiques avec la CIDE. Cette dynamique internationale rappelle que l’enfant est un sujet de droit à part entière, et qu’aménager nos villes à leur échelle est une obligation morale autant que politique.

Ville à hauteur d'enfants : le livre de Francesco Tonucci

À noter que Thierry Paquot a écrit la préface du livre de Francesco Tonucci.
Lui-même auteur de Pays de l'enfance, il avait abordé la question de la place des enfants dans la ville
et notamment l'adaptation de l'espace urbain aux enfants au micro du podcast, dans l'épisode 179.

Parcours et boussole : pourquoi Tristan Debray agit pour l'enfance à l’échelle de la ville ?

L’engagement de Tristan Debray en faveur de l’enfance s’enracine dans un parcours personnel riche. Dès son adolescence, il anime des ateliers d’échecs, découvrant le plaisir de la transmission et de l’éducation populaire. Plus tard, ses études et ses expériences l’amènent à travailler au Liban, notamment au Conseil supérieur de l’enfance de Beyrouth, où il participe à des projets d’aide aux enfants des rues, d’orphelins ou encore de lutte contre l’analphabétisme. Ce séjour constitue un tournant fondateur : la défense des droits de l’enfant devient sa vocation.

Cette conviction est renforcée par un passage au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, qui confirme son souhait de faire des droits de l’enfant sa « boussole » professionnelle et politique. La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) devient pour lui un cadre de référence incontournable, rappelant que les enfants sont des sujets de droit et doivent être intégrés dans toutes les décisions qui les concernent.

C’est dans cette logique qu’il choisit d’agir à l’échelle municipale. Certes, les villes n’ont pas les mêmes moyens que les États, mais elles disposent de leviers essentiels pour transformer le quotidien : rénovation des écoles, aménagement des voiries, développement des mobilités douces, création de partenariats avec d’autres institutions. Comme il l’explique,

« les villes n'ont pas des compétences énormes et ni même des budgets, ni des moyens qui sont ceux de l'État, par exemple. Bien sûr, ça reste assez limité, mais toutefois, elles ont quand même des leviers, des moyens, des budgets et des compétences, surtout, qui sont tout à fait existantes et suffisantes pour changer les choses ».

Son rôle consiste aussi à entraîner l’ensemble des acteurs locaux dans cette dynamique. Une ville à hauteur d’enfants n’est pas seulement une question d’espace public : elle implique aussi les commerces et lieux privés.

« Une ville inclusive, c’est une ville où, dans les lieux privés, les enfants sont aussi les bienvenus.Et ça, il faut le faire, bien sûr, assez urgemment, je pense, parce qu'il y a le phénomène des no-kid zones qui se développent. Et malheureusement, pendant qu'on se bat pour une société inclusive, il y en a d'autres qui développent ce type de lieux qui sont discriminants et excluants, et qui sont évidemment contraires à la Convention internationale des droits de l'enfant, et c'est assez inquiétant », rappelle-t-il.

Une vision qui élargit le champ d’action et engage toute la société civile autour de la cause des enfants.

Ville à hauteur d'enfants : l'exemple de Lyon, fresque devant l'école maternelle des Eglantines à la Duchère

Lyon, « Ville des Enfants » : une feuille blanche devenue stratégie transversale

Lorsque Tristan Debray est élu en 2020 au conseil municipal de Lyon, tout est à inventer.

« C’était la toute première fois qu’une délégation spécifique dédiée à la place de l'Enfant dans la Ville était créée », souligne-t-il.

La Ville de Lyon devient alors pionnière en France, aux côtés de Rennes, en choisissant de consacrer une délégation entière à la place de l’enfant dans la cité. Le projet part d’une véritable feuille blanche, sans modèle préexistant, avec l’ambition de bâtir une politique globale et inclusive.

Très vite, cette vision dépasse la simple mise en place de projets ponctuels. Elle s’impose comme une culture transversale, diffusée à travers tous les services municipaux, les arrondissements, les associations partenaires et même des élus de bords politiques différents.

L’idée est claire : la ville des enfants ne relève pas d’un secteur isolé, mais concerne chaque domaine de la vie urbaine, de la voirie à la culture en passant par l’éducation et l’environnement.

En 2021, Lyon obtient le titre « Ville amie des enfants » décerné par l’UNICEF. Plus qu’un label honorifique, il s’agit d’un véritable engagement :

« L'UNICEF est beaucoup plus rigoureux, et ils ont tout à fait raison. Il y a un vrai plan d'action détaillé, et des actions concrètes que les villes s'engagent à respecter et à faire appliquer dès le début du mandat, au service des droits de l'enfant », précise Tristan Debray.

La municipalité doit rendre des comptes régulièrement sur l’avancement de ses engagements, ce qui renforce le sérieux et la continuité des démarches.

Ce titre inscrit également Lyon dans un réseau national de collectivités engagées, permettant des échanges de pratiques et une émulation collective. Mais, nous l'avons vu, la ville choisit d’aller plus loin que les obligations fixées par l’UNICEF. Elle développe des cours nature, soutient la pédagogie du plein air, rénove des aires de jeux avec des matériaux durables, concerte de manière systématique des enfants sur les projets.

Ainsi, ce qui était au départ une initiative politique locale s’est transformé en mouvement fédérateur, qui diffuse une nouvelle culture de l’enfance dans toute la ville.

3 chantiers phares de la ville à hauteur d’enfants

Depuis 2020, Lyon a engagé une série de projets concrets qui illustrent parfaitement l’ambition d’une ville à hauteur d’enfants. Trois axes principaux se dégagent :

  • sécuriser et apaiser les abords des écoles ;

  • végétaliser les espaces de jeux et d’apprentissage ;

  • donner aux enfants un véritable pouvoir d’action politique.

1 - Sécuriser et rafraîchir : les Rues des Enfants

Projet emblématique du mandat, les Rues des Enfants transforment en profondeur le quotidien des familles lyonnaises. Il s’agit d’aménager les abords des écoles et crèches en élargissant les trottoirs, en piétonnisant certains tronçons, en plantant arbres et strates basses, mais aussi en installant du mobilier urbain adapté et des fresques artistiques réalisées avec les élèves.

Les résultats sont spectaculaires :

« À la fin de l’année 2025, il y aura environ 150 écoles et crèches qui en bénéficieront », précise Tristan Debray. Ce sont « à peu près 20 000 enfants… [qui] bénéficient déjà d’espaces végétalisés, sécurisés ».

Ces aménagements :

  • améliorent la qualité de l’air ;

  • réduisent la place de la voiture ;

  • et favorisent l’autonomie des enfants, capables parfois de parcourir seuls les derniers mètres jusqu’à l’école.

Ils sont ceux qui ont le plus d'impact auprès des habitants, toute génération confondue.

2 - Renaturer et jouer : cours nature, aires de jeux rénovées

La démarche de végétalisation s’étend à l’intérieur même des établissements et aux espaces de loisirs.

  • Les cours d’école sont progressivement transformées en cours nature, végétalisées et propices à la pédagogie du plein air. Un sujet que nous avions déjà exploré avec l’interview « École dehors : élevés en plein air », qui illustre la richesse pédagogique de ce type d’expériences.

  • Les aires de jeux, quant à elles, sont rénovées avec des matériaux plus respectueux de l’environnement. Leur conception privilégie l’inclusion et le développement moteur des enfants.

Cette logique pourrait bientôt s’élargir : la municipalité envisage déjà de sécuriser les abords d’aires de jeux, suivant le même principe que celui adopté pour les écoles, en diminuant la proximité avec les voitures.

Ville à hauteur d'enfants : conseils municipaux d'enfants à Lyon

3 - Donner du pouvoir d’agir : Conseils d’enfants et Conseil municipal des adolescents

La participation des enfants ne se limite pas à la consultation symbolique. À Lyon, elle prend la forme de véritables instances démocratiques. Dès 2020, six nouveaux conseils d’arrondissement d’enfants (8–10 ans) ont été créés, s’ajoutant à un dispositif existant, ainsi qu’un premier Conseil municipal des adolescents (11–14 ans).

Ces jeunes élus disposent d’un budget dédié et portent des projets concrets : sensibilisation à l’énergie, jeu de piste patrimonial, actions de solidarité, événements culturels…

« Ces conseils d'arrondissement d'enfants ont un impact concret. Ils ont vraiment un impact concret. Les enfants ont leur propre budget, ils mènent leurs projets, leurs actions. Ils ont réalisé une quarantaine de projets au total depuis 2020. Il y a eu plus de 500 enfants élus. C'est quelque chose qui est hyper concret », partage Tristan Debray.

L’expérience favorise la mixité sociale — des enfants issus de tous les quartiers et écoles participent — et constitue un formidable apprentissage démocratique. Une démarche qui fait écho à l’épisode sur le vote des enfants, où la participation des plus jeunes à la vie démocratique est débattue à une échelle plus large.

Les jeunes découvrent la richesse du débat, l’argumentation, mais aussi la frustration de voir certaines idées non retenues.

 « C'est quelque chose d'extraordinaire, les enfants se rencontrent. Ils sont d'écoles différentes, de quartiers différents, et en fait, ils vont faire connaissance avec d'autres enfants. Ils vont débattre, ils vont argumenter, ils vont apprendre aussi, même parfois la frustration, puisqu'ils vont apprendre que leurs idées ne sont pas toujours celles qui, finalement, convainquent les autres [...] Ils vont aussi développer leur créativité, etc. Et ce sont des projets qui embarquent beaucoup d'acteurs, puisque du coup, il y a une implication très forte des enseignants, donc quelque chose qui est très différent de ce qu'ils font habituellement », témoigne avec enthousiasme Tristan Debray.

Lever les freins : changer les mentalités par l’expérience

Mettre en œuvre une ville à hauteur d’enfants ne va pas sans résistances. Souvent, les premières réactions des habitants traduisent une appréhension face au changement :

  • peur de perdre du temps ;

  • crainte de voir disparaître des places de stationnement ;

  • stress de devoir modifier ses habitudes quotidiennes.

Tristan Debray rappelle que ces freins sont avant tout psychologiques, et qu’ils disparaissent dès lors que l’on expérimente réellement les nouveaux aménagements.

L’anecdote d’une mère d’élève illustre bien ce phénomène. Au départ, elle s’opposait à la transformation d’une rue en Rue des Enfants, estimant que la suppression du stationnement compliquait l’arrivée à l’école en voiture. Quelques mois plus tard, sa perception a radicalement changé. Son mari avait pris l’habitude d’accompagner leur fils à pied, et cette contrainte initiale s’est transformée en moment privilégié.

« Elle m'a expliqué que c'était un super moment, il prenait le temps, ils étaient tranquilles, ils n'étaient pas stressés à devoir descendre de la voiture en 30 secondes parce qu'il y avait des voitures qui klaxonnaient derrière et toutes ces choses-là et surtout ils passaient du temps entre eux, entre le papa et son fils. Et le garçon était content, il croisait les copains et les copines sur le chemin de l'école.
C'est une anecdote qui m'a marqué, parce qu'elle symbolise le passage d'un moment un petit peu difficile où il faut convaincre à un moment où, en fait par la force des choses, les habitudes changent et on arrive sur du positif. Et les gens finalement sont contents. »

Ce témoignage résume la puissance de ces projets : ce qui est vécu d’abord comme une restriction devient une opportunité de mieux-vivre

Ainsi, l’expérience montre que les villes à hauteur d’enfants ne créent pas seulement des environnements plus sûrs, elles transforment aussi les mentalités. Les réticences initiales se dissipent au profit d’une prise de conscience : repenser l’espace public pour les enfants, c’est enrichir la vie de tous.

Ville à hauteur d'enfants : aire de jeux inclusive, ville de Lyon

Une ville meilleure pour tous, pas seulement pour les familles

Si les politiques menées à Lyon se revendiquent avant tout d’une ville à hauteur d’enfants, leurs bénéfices dépassent largement le cadre familial. Chaque aménagement pensé pour les plus jeunes contribue à rendre l’espace public plus sûr, agréable et inclusif pour l’ensemble des habitants.

L’élargissement des trottoirs, la réduction de la circulation automobile et la création d’espaces végétalisés profitent autant aux enfants qu’aux piétons, aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap ou encore aux simples passants. Comme le souligne Tristan Debray, « tout le monde profite des trottoirs plus larges… ». Ces changements améliorent la qualité de l’air, favorisent les mobilités douces et offrent une ville plus conviviale et moins stressante. Cette attention à la nature en milieu urbain rejoint l’épisode « Découvrir la nature en ville », qui rappelle combien la verdure favorise le bien-être de tous.

Les projets artistiques participent également à cette transformation collective. Dans plusieurs rues, des fresques colorées ont été réalisées par les enfants eux-mêmes, accompagnés d’artistes professionnels. Ces œuvres, apposées sur des murs, des portails ou le mobilier urbain, donnent une nouvelle identité aux quartiers et renforcent le sentiment d’appartenance. Les enfants en tirent une grande fierté, et les riverains découvrent une ville embellie et vivante.

L’impact est si positif qu’il dépasse les cercles concernés. Debray raconte le témoignage d’une habitante venue le remercier :

« Merci… je n’ai pas d’enfants… mais vous avez mis des couleurs dans le quartier… tout le monde est content. »

Cette reconnaissance montre que les politiques urbaines centrées sur l’enfant sont en réalité des politiques universelles, capables d’améliorer le quotidien de chacun.

En plaçant les besoins des plus jeunes au cœur de ses choix, Lyon démontre qu’une ville plus accueillante pour les enfants est aussi une ville plus humaine et inclusive pour tous ses habitants.

Ville à hauteur d'enfants : conseil municipal des enfants

Conseil municipal des enfants et adolescents : des idées créatives, locales et sérieuses

À Lyon, la participation des enfants ne se limite pas à des discours symboliques. Les conseils municipaux d'enfant dans les arrondissements et le Conseil municipal des adolescents débouchent sur des projets concrets. Ils sont portés par les jeunes eux-mêmes et ancrés dans la vie locale.

Les thématiques abordées sont variées et reflètent la diversité des préoccupations des enfants.

  • Certains ont ainsi créé un podcast, accompagné de flyers et d’une newsletter, pour sensibiliser les commerçants à la sobriété énergétique.

  • D’autres ont conçu un jeu de pistes patrimonial et un livret guide, distribués dans les bibliothèques et MJC, afin de faire découvrir l’histoire de leur arrondissement.

  • La solidarité et la lutte contre le harcèlement sont également au cœur des initiatives. Les jeunes élus ont organisé un concert caritatif pour soutenir des actions de prévention, ainsi qu’un tournoi sportif solidaire et inclusif. Ils ont envoyé des courriers aux écoles pour sensibiliser leurs camarades aux enjeux du harcèlement

  • Ils ont aussi réalisé une vidéo pédagogique sur le compost.

  • Parmi les événements marquants figure également une fête de la solidarité, réunissant des associations engagées sur le handicap, la lutte contre les discriminations ou encore l’aide aux personnes sans-abri. Les enfants eux-mêmes en ont assuré l’organisation, prouvant leur capacité à fédérer autour de causes universelles.

Ces exemples témoignent de l’impact réel de la participation. Les enfants ne défendent pas uniquement leur propre confort. Comme le rappelle Tristan Debray :

« Ils sont vraiment les porte-parole… et ils sont très fiers de s’investir pour l’intérêt général ».

Ces projets, locaux mais structurants, montrent que lorsque l’on donne aux enfants les moyens d’agir, ils deviennent des acteurs essentiels de la transformation de la ville.

Impacts démocratiques et culture de l’enfance

La démarche lyonnaise ne se limite pas à transformer l’espace urbain : elle renouvelle aussi la façon dont les citoyens participent à la vie démocratique. En créant des conseils d’enfants et d’adolescents, la ville offre aux jeunes des interlocuteurs directs et des moyens concrets pour faire remonter leurs besoins ou leurs propositions. Ils ne sont plus spectateurs, mais acteurs de la vie publique.

Cette participation ouvre un nouveau souffle démocratique. Les enfants apportent une créativité et une fraîcheur souvent absentes des débats d’adultes. Ils osent des idées moins « bridées » par les habitudes, tout en ayant une conscience claire des réalités : ils savent distinguer ce qui est faisable de ce qui ne l’est pas. Cette capacité à conjuguer imagination et pragmatisme enrichit les échanges et inspire les décideurs. Comme le résume Tristan Debray,

« Pour moi, clairement la ville des enfants, ça participe d’un renouveau de la démocratie… ».

Ce mouvement s’appuie sur une boussole politique solide : la Convention internationale des droits de l’enfant. Le mécanisme de suivi du respect de cette convention garantit que les droits — santé, éducation, participation, non-discrimination — ne restent pas de simples déclarations d’intention. À l’échelle locale, ils deviennent des repères concrets pour guider les politiques publiques.

En plaçant l’enfance au cœur de sa stratégie, Lyon diffuse une véritable culture de l’enfance : non pas une politique sectorielle, mais une approche globale qui irrigue la démocratie, l’urbanisme et la vie sociale. La ville démontre qu’en écoutant les plus jeunes, on construit une société plus ouverte, plus imaginative et plus équitable.

L’exemple lyonnais montre qu’une ville pensée à hauteur d’enfants n’est pas seulement une utopie, mais une réalité concrète et inspirante. Trois clés expliquent ce succès :

  • une approche transversale qui implique l’ensemble des services municipaux et des partenaires ;

  • une participation réelle des enfants dotée de moyens et de budgets ;

  • une transformation visible de l’espace public autour des écoles et des crèches.

Au-delà des chiffres et des projets, c’est une culture de l’enfance qui s’installe peu à peu dans la ville, rappelant que les enfants sont des citoyens à part entière et des acteurs de l’avenir urbain.

FAQ – Ville à hauteur d’enfants

Qu’est-ce qu’une « rue des enfants » ?

Une rue des enfants est un aménagement qui transforme les abords d’écoles et de crèches pour les rendre plus sûrs et agréables. Concrètement, cela passe par l’élargissement des trottoirs, la piétonnisation de certains tronçons, la plantation d’arbres et de végétation, mais aussi l’installation de mobilier urbain adapté et de fresques réalisées avec les élèves. L’objectif est double : protéger les enfants et leur offrir un cadre de vie plus convivial. À Lyon, près de 150 établissements bénéficieront de ce dispositif d’ici fin 2025, soit environ 20 000 enfants.

Pourquoi impliquer les enfants dans la politique de la ville ?

Parce que la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), dans son article 12, reconnaît leur droit à la participation. Les enfants doivent être considérés comme des acteurs de la cité, pas seulement comme des usagers protégés. À Lyon, cela se traduit par des conseils d’arrondissement d’enfants et un Conseil municipal des adolescents, qui disposent de budgets et réalisent des projets concrets : podcasts, jeux de piste patrimoniaux, actions de solidarité, tournois sportifs… Une expérience qui développe leur créativité, leur sens de l’intérêt général et leur apprentissage démocratique.

En quoi une ville à hauteur d'enfants est-elle bénéfique pour tous ?

Une ville à hauteur d’enfants profite à tous ses habitants. Les trottoirs plus larges, la réduction de la pollution et la place donnée aux mobilités douces améliorent le quotidien des piétons, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap ou encore des riverains. Les fresques artistiques, réalisées avec les enfants, apportent couleurs et fierté aux quartiers. La ville est plus douce et inclusive.

Références :

La ville des enfants: Pour une [r]évolution urbaine, Franceco Tonucci, Parenthèses Editions, 2019

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